THE RIOT CLUB : chronique

31-12-2014 - 11:18 - Par

Une chronique de la jeune haute société anglaise qui convainc plus par la construction de sa narration que par son propos.

Adapté de la pièce à succès « Posh » de Laura Wade – qui signe ici le scénario –, THE RIOT CLUB suit deux étudiants, Miles (Max Irons) et Alistair (Sam Claflin) qui, après une courte initiation, rejoignent une société secrète séculaire de l’université d’Oxford dévouée à faire de la débauche un art spirituel. Outre son impressionnante distribution de jeunes comédiens, THE RIOT CLUB brille non pas tant par ce qu’il a à dire que par la manière dont il le dit. Le premier acte s’avère rigolard et pince-sans-rire : les fratboys du Riot Club apparaissent dans leurs excès « inoffensifs » – donner une voiture de luxe à une association parce qu’elle a été souillée de vomi. Bien décidés à profiter de l’université, qu’ils considèrent comme le dernier jalon de leur existence où ils pourront « lâcher la bride sans que personne ne regarde », ces jeunes destinés à diriger le monde parce que bien nés, apparaissent gentiment risibles. Le script de Wade et la mise en scène de Lone Scherfig jouent à merveille d’une certaine légèreté inconséquente : ces beaux garçons ont beau boire plus que de raison, multiplier les aventures amoureuses et traîner leur nonchalance avec grandiloquence, jamais ils ne sont stigmatisés pour leur désir compréhensible de vivre pleinement leur jeunesse. C’est là que la malice de THE RIOT CLUB se révèle. Car si le spectateur n’est jamais vraiment dupe quant à la vraie nature de ces enfants gâtés et arrogants, le film ne la claironne tout d’abord pas. Wade et Scherfig parviennent à rendre les membres du Riot Club appréciables, en infusant une grosse dose de caricature dans leur portrait, avant de subitement faire tomber leur masque et les rendre profondément détestables, monstrueux et effrayants. Les garçons se muent en force destructrice, tels des Gremlins incontrôlables. Une mécanique narrative qui rappelle finalement celle du LOUP DE WALL STREET: rendre le Diable sympathique pour mieux révéler ensuite son vrai visage, les atours glaçants et dérangeants de la séduction qu’il opère. Après cette montée en puissance à laquelle on se laisse prendre avec une certaine jubilation, THE RIOT CLUB peine davantage, comme s’il avait tout donné dans ce processus de travestissement / révélation soudaine de la vérité. Le troisième acte se révèle ainsi plus convenu et rappelle que le propos de THE RIOT CLUB sur les rapports de classes ou la décence morale n’a vraiment rien de fondamental. Pourtant, ce n’est pas cette fin décevante qui reste en mémoire, mais bien la malice avec laquelle le film sait surmonter ses faiblesses.

De Lone Scherfig. Avec Max Irons, Sam Claflin, Holliday Grainger. Royaume Uni. 1h40. Sortie le 31 décembre

 

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