HARD DAY : chronique

07-01-2015 - 09:55 - Par

À la brutalité de ce polar typique se mêle une drôle de légèreté, un humour bon enfant. Kim Seong-hun est un gentil agitateur.

Les polars sud-coréens qui arrivent jusqu’en France sont très souvent de bonne facture, qu’ils sortent directement en DVD chez des éditeurs spécialisés ou qu’ils passent par la case Cannes, comme HARD DAY, projeté à La Quinzaine des Réalisateurs en mai dernier. Là où certains films (J’AI RENCONTRÉ LE DIABLE, THE MURDERER, MEMORIES OF MURDER, pour ne citer qu’eux parmi les plus connus) jouent la carte de l’hyper noir légèrement mâtiné d’humour, HARD DAY tend à donner aux moments de comédie encore plus de place. Normal, le premier film du réalisateur était une pure comédie. L’histoire démarre comme une farce macabre où un flic cache un cadavre (celui du type qu’il a écrasé en voiture alors qu’il téléphonait) dans le cercueil de sa mère, fraîchement décédée. Un G.I. Joe télécommandé dans une main et un bouquet de ballons gonflables dans l’autre, ce MacGyver de la lose et du mauvais goût offre à voir un spectacle de haut niveau, aussi burlesque que sinistre. Il pensait venir à bout de sa journée de merde ? Erreur : sa victime est recherchée par toutes les polices car c’est un criminel notoire. De plus, il ne faudra pas longtemps pour qu’un inconnu le contacte et le fasse chanter, alors qu’il s’était assuré qu’il n’y avait aucun témoin. Avec son bestiaire de personnages crétins et médiocres, qu’ils soient flics ou civils, le réalisateur Kim Seong-hun se fait l’architecte d’un jeu de massacre sadique, aussi drôle que franchement pervers, mais qui refuse de tomber dans la surenchère sanguinolente. Le film oscille ainsi entre une violence slapstick et cartoon et une agressivité sèche, dans une valse complètement cyclothymique pouvant totalement dérouter. Ce ton tour à tour bon enfant (voire hilarant dans sa manière de n’épargner personne) et menaçant, et une quantité de rebondissements réellement surprenants, sont les atouts de ce polar très sophistiqué dans son écriture malgré ses apparences légères. Ce qui prive HARD DAY d’être un très grand film finalement, ce n’est rien d’autre qu’une image sans grande personnalité. Malgré quelques rares plans virtuoses, Kim Seong-hun n’a pas (encore ?) la caméra agressive d’un Na Hong-jin ni le sens du cadre implacable d’un Kim Jee-woon. Mais peut-être cela ne l’intéresse-t-il pas ? Seuls semblent compter cet esprit malin, cet élan sarcastique et ce sens du timing dialogué imparables. On a demandé à Kim Seong- hun s’il était un philanthrope moqueur et ça lui a plu. C’est surtout un drôle d’auteur à suivre de très près.

De Kim Seong-hun. Avec Lee Sun-kyun, Cho Jin-woong, Jeong Man-sik. Corée du Sud. 1h41. Sortie le 7 janvier

 

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