SOUVENIRS DE MARNIE : chronique

14-01-2015 - 12:13 - Par

Moins fort que LE VENT SE LÈVE et LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, SOUVENIRS DE MARNIE reste un Ghibli à la portée émotionnelle indéniable.

Depuis leur création, les studios Ghibli ont largement décliné leurs productions au féminin que ce soit avec le matriciel PRINCESSE MONONOKE ou le plus récent – et magnifique – LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA. Et s’il est destiné à un public plus jeune, SOUVENIRS DE MARNIE ne fait pas exception à cette quasi-règle. Bien qu’usant de codes très anglo-saxons (dont l’utilisation du très beau « Fine On the Outside » de l’Américaine Priscilla Ahn pour clôturer le film), SOUVENIRS DE MARNIE reste d’une cohérence absolue avec l’identité du studio. On y retrouve ce même goût de la contemplation, ce délicat équilibre entre humour et émotion, le tout dans un environnement d’une délicieuse intemporalité où nature et merveilleux se fondent en un doux maelstrom. Quatre ans après le mignon ARIETTY, LE MONDE DES CHAPARDEURS, le réalisateur Hiromasa Yonebayashi suit au plus près une autre héroïne – plus grande cette fois – en la personne d’Anna, jeune fille solitaire et mal dans sa peau, partie se ressourcer auprès de son oncle et de sa tante dans un petit village au nord d’Hokkaido. C’est là, dans une demeure à priori abandonnée, qu’elle fera la connaissance de l’énigmatique Marnie. Naîtra alors entre elles une amitié semblant défier toutes les limites (temporelles, spatiales, affectives), l’humeur d’Anna changeant au gré des apparitions ou disparitions de la belle Marnie. Voilà pour le postulat volontairement énigmatique de SOUVENIRS DE MARNIE qui se sert de son parfum de mystère pour dérouler le portrait croisé de deux jeunes femmes en devenir pas si différentes que ça. Ce caractère intimiste, Yonebayashi le cultive allègrement au cours de séquences où il prend le temps de scruter le regard de son héroïne, ses interrogations, ses joies, ses peines… quitte à faire du surplace. En collant de beaucoup trop près à la fragile Anna, le réalisateur peine à faire exister Marnie et ne donne pas suffisamment de substance à l’amitié naissante entre les deux filles. Son récit en devient si ramassé qu’il menace à tout moment de passer à coté de ses enjeux dramatiques. Il faudra dès lors attendre le « twist » final aussi déchirant que rapide dans son exécution pour comprendre que SOUVENIRS DE MARNIE n’est pas tant une histoire d’amitié qu’une quête identitaire se conjuguant au féminin singulier et non pluriel. Cela accepté, le film se révèle dans toute sa splendeur à savoir un envoûtant voyage, bucolique, intime, au pays des souvenirs doublé d’une très belle parabole sur la transmission.

D’Hiromasa Yonebayashi. Avec  les voix originales de Sara Takatsuki, Kasumi Arimura, Nanako Matsushima. Japon. 1h43. Sortie le 14 janvier

 

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