HACKER : chronique

18-03-2015 - 08:54 - Par

Cyber-thriller maladroit, le nouveau film de Michael Mann est bien plus réussi quand il retourne à ses origines.

Dès l’ouverture de HACKER, le sujet est posé. On y voit une tentative d’illustrer à l’écran la manière dont une information transite par les réseaux informatiques, par des flashs lumineux et le serpentement au long des câbles reliant les ordinateurs. Une imagerie qui ramène le cinéma hollywoodien à son incapacité à filmer la technologie moderne. Ne pas se fier au pitch (un hacker américain de génie collabore avec la police chinoise pour comprendre qui a provoqué un cyber attentat sur une centrale nucléaire), il n’intéresse pas beaucoup Mann. Lorsque HACKER fait basculer l’intrigue et les motivations du bad guy de l’histoire vers celle d’un JAMES BOND vintage, il devient clair qu’il n’est question ici que de l’affrontement entre l’ancien et le vieux monde. Soit le credo du cinéaste, dont les films ne cessent de parler de cette transition, de l’adaptation de ses personnages à de nouvelles mœurs. Si Hathaway, Dawaï et Lien (Chris Hemsworth, Lee-hom Wang, Wei Tang, impeccables) sont à la poursuite d’un code source pour déjouer de nouvelles attaques, Mann traque avant tout le code d’honneur qui va les lier. Normal alors que Chris Hemsworth ait bien plus des airs de cow- boy que de geek. Ou que HACKER soit maladroit dès qu’il s’aventure du côté de la technologie ou du jargon informatique. Ce film ne dit d’ailleurs rien de la menace cyber terroriste dans le monde moderne, n’a pas d’opinion sur le sujet. Mann est plus à l’aise pour parler des mutations du cinéma : tourner un film de studio américain en Asie, mettre en avant des acteurs chinois, témoignent clairement du changement. C’est cet indicible-là, et pas celui d’Internet, qu’ausculte Mann, pour tenter de le ralentir. HACKER n’est jamais meilleur que quand il assume sa part old school, s’attarde sur la manière dont se tisse un réseau humain, comment les rapports s’incarnent, nourrissent des valeurs à l’ancienne, un sens moral désormais « virussé » par l’appât du gain. Le final en Indonésie n’est pas tant exceptionnel par la virtuosité d’une mise en scène (à l’œuvre ici comme dans toutes les remarquables scènes d’actions), que par sa vocation à pousser Hathaway à passer du virtuel au concret, prendre enfin le risque de ne plus exister dans l’ombre mais au grand jour. Finalement ce qui circule dans les câbles de la séquence d’ouverture n’est sans doute que la nostalgie de Mann pour un cinéma d’homme, à la Jean-Pierre Melville. HACKER ne parvient pas toujours à le télécharger dans les codes du thriller contemporain, mais c’est bien cette démarche, à reculons, qui le rend particulièrement attachant.

De Michael Mann. Avec Chris Hemsworth, Viola Davis, Lee-hom Wang. États-Unis. 2h13. Sortie le 18 mars

 

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