CENDRILLON : chronique

27-03-2015 - 10:53 - Par

Élégant mais sans réelle envergure, CENDRILLON n’est qu’une aberrante version live du dessin animé de Disney.

Qui a eu cette idée saugrenue ? Qui s’est réveillé un matin en se disant que ce serait quand même hyper chouette de faire un remake en chair et en os des plus beaux dessins animés de Disney ? Sûrement quelqu’un qui veut toujours qu’on lui explique les tours de magie ! Parce que c’est un peu l’effet accablant que produit ce CENDRILLON version Kenneth Branagh. Si le réalisateur anglais, corseté dans sa Shakespearophilie, possède un indéniable sens du style, le voici réduit à jouer les gentils illustrateurs. Difficile en effet de donner totalement vie et ampleur à un film dont le cahier des charges est aussi imposant. Sorte de copier-coller propre du dessin animé originel, CENDRILLON ne réinvente jamais véritablement le conte. Si MALÉFIQUE tentait (maladroitement) de relire LA BELLE AU BOIS DORMANT en changeant de point de vue, ici on suit pas à pas, étape après étape, robe après robe, le destin de la pauvre Cendrillon sans que jamais le film ne bouleverse le programme attendu. Comme en pilotage automatique, les séquences s’enchaînent, pas dénuées d’élégance ni même parfois d’un certain charme hyper suranné. Mais à quoi bon ? On attendait de celui qui avait dopé LA FLÛTE ENCHANTÉE au lyrisme et au maniérisme le plus fou, quelque chose d’un peu plus intense, vibrant, incarné en somme. Mais Branagh, en bon artisan de studio, rend une copie honnête, très propre, trop propre, avec l’attirail de décor chatoyant et de costumes merveilleux à même de mettre des étoiles dans les yeux des petites filles. Excepté une scène de bal très inspirée du ANNA KARENINE de Joe Wright, et de jolies scènes de deuil, le film s’étire sans heurt ni intérêt. Alors que Branagh a dans les mains tout l’attirail lui permettant de retrouver la fougue et le merveilleux de son BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN, il semble avoir dilué, consciemment ou non, son style opératique et flamboyant dans le pastel de Disney. Si la majesté de la direction artistique fait un temps effet, la vacuité du scénario et la mollesse de l’interprète principale (Lily James) aplatissent le tout. Les esprits les plus pernicieux pourront s’amuser du jeu « over the top » de Cate Blanchett qui compose une méchante digne d’AUSTIN POWERS. L’actrice donne libre cours à son regard de braise et à ses poses langoureuses. Elle est ce qu’il y a de plus fascinant dans le film, à mi-chemin entre la composition classique outrancière et le cabotinage Francis-Husterien. À l’image de cette pantoufle de verre numérique bien trop luisante, on aurait aimé un film avec un peu moins de clinquant et un peu plus d’idées.

De Kenneth Branagh. Avec Lily James, Cate Blanchett, Richard Madden. États-Unis. 1h45. Sortie le 25 mars

 

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