Cannes 2015 : OFFICE / Critique

19-05-2015 - 16:05 - Par

De Hong Won-chan. Sélection officielle, hors compétition, séances de minuit.

Pitch : M. KIM va toujours au travail… 
même après avoir massacré sa famille.
 KIM Byung-guk, employé d’une grande entreprise, décime sa famille et disparaît sans laisser de trace. L’inspecteur Jong-hun interroge les collègues de travail de KIM mais ceux-ci restent évasifs, en particulier Mirae, une jeune stagiaire qui semble cacher quelque chose. L’inspecteur découvre que les caméras de surveillance ont filmé KIM Byung-guk revenir au bureau juste après le massacre… mais jamais en ressortir. Où le tueur se cache-t-il ? Alors qu’une véritable psychose s’abat sur les employés, le bureau est le théâtre d’évènements mystérieux.

On peut être coscénariste de Na Hong-Jin sur deux des meilleurs thrillers sud-coréens de ces dix dernières années (THE CHASER, THE MURDERER) et passer à la réalisation dans l’échec le plus total. On attendait OFFICE, de Hong Won-chan, si ce n’est comme la petite bombe de violence du Festival, du moins comme le machin curieux de cette quinzaine – le film est présenté en séance de minuit, refuge des inclassables. Voire, allez pourquoi pas, comme la grande découverte d’un nouveau dingo de la caméra. Excès de confiance ! Thriller d’horreur social au twist improbable, OFFICE n’est jamais rien qu’une note d’intention : dénoncer la dureté du monde du travail en Corée du Sud et la course à la productivité telle que les habitants de Seoul (notamment) ont sacrifié leur vie privée pour une vague perspective de promotion. « Je ne sais plus si je travaille pour vivre ou pour mourir », dit une employée face au slasher qui se déroule dans l’open space. Comme son col blanc défonce les crânes de sa petite famille entre le fromage et le dessert, le réalisateur Hong Won-chan assène son message au marteau au cas où mettre en scène une stagiaire paillasson dans la course au CDI ne suffisait pas à anéantir déjà toute dimension allégorique. Lorsque notre héroïne en goguette nous explique que les loyers sont chers pour la dixième fois, on tarit de patience. Exagérément didactique, OFFICE est aussi très pauvre plastiquement puisque son réalisateur ne parvient jamais à transcender l’éclairage aux néons maladif de ces vilains locaux ni la laideur excessive du mobilier de bureau. Alors Hong Won-chan peut mélanger tous les genres qu’il veut, feindre le film d’esprit frappeur, rajouter du gore par ici ou de l’humour par là, pour tenter de rendre sexy son brûlot sociétal, on démissionne.

De Hong Won-chan. Avec Ko A-sung, Park Sung-woong, Bae Seong-woo. Corée du Sud. 1h49. Prochainement

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