Toronto 2015 : KILL YOUR FRIENDS / Critique

12-09-2015 - 07:01 - Par

Toronto 2015 : KILL YOUR FRIENDS / Critique

L’industrie musicale se la joue TRAINSPOTTING dans cette grinçante mais trop inégale comédie dramatique.

Londres, 1997. Steven Stelfox (Nicholas Hoult) est jeune, beau gosse, passablement riche et a un job de rêve : il bosse pour une maison de disques. Mais il aimerait bien monter en grade et se rêve en calife à la place du calife. Une ambition débordante et dévorante qui le mène vers des territoires criminels. Sexe, drogues, rock’n roll : la célèbre expression inventée par Ian Dury décrit parfaitement la substantifique moelle de KILL YOUR FRIENDS, sorte de cocktail entre AMERICAN PSYCHO – pour son héros cynique et sa vision clinique et psychotique du monde – et TRAINSPOTTING. À bien des égards, KILL YOUR FRIENDS, premier long-métrage d’Owen Harris (connu pour les séries MISFITS, JOURNAL INTIME D’UNE CALL GIRL ou BLACK MIRROR), se pose en rejeton admiratif du classique de Danny Boyle. Se déroulant peu ou prou à l’époque de la sortie de TRAINSPOTTING et de la domination de la Britpop, le film a tendance à singer son modèle sans en avoir l’exigence narrative ou esthétique. Voix off, dérapages narcotiques et sexuels en tout genre, personnages largués et décrivant une Grande Bretagne moralement à plat, hystérie sonore et visuelle : tout y est. Mais sans le génie punk de Boyle. Le chaos manque ici de style, la mise en scène se révèle fonctionnelle, la photographie terne. Et le scénario finalement prévisible. Pourtant, KILL YOUR FRIENDS parvient bizarrement à accrocher le spectateur, ne serait-ce que pour le moment éphémère du visionnage. Tout d’abord, le film jouit d’une soundtrack absolument imparable (citons « Beetlebum » de Blur, « Cigarettes & Alcohol » d’Oasis, « Karma Police » de Radiohead ou « The Private Psychedelic Reel » de Chemical Brothers) à la pertinence narrative indéniable – le tube de Radiohead est même inspirateur de la plus belle scène du film. Ensuite, Nicholas Hoult livre une prestation souvent admirable – un poil convenue dans l’autodestruction mais fantastique dans ses atours comique. Et enfin, KILL YOUR FRIENDS fait la peinture drôle et acerbe – et on imagine très juste – d’une industrie qui, quelques années plus tard, allait être radicalement transformée par le téléchargement. Si KILL YOUR FRIENDS a parfois l’air d’avoir vingt ans de retard, sa manière de déconstruire ce triomphalisme arrogant et indécent de l’industrie musicale à l’aune de sa situation actuelle lui permet d’avoir un regard assez intéressant sur les dérives mercantiles d’un business à la base artistique.

De Owen Harris. Avec Nicholas Hoult, James Corden, Georgia King. Royaume Uni. 1h40. Sortie le 2 décembre

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