Toronto 2015 : D’ARDENNEN / Critique

15-09-2015 - 02:15 - Par

Toronto 2015 : D’ARDENNEN / Critique

Un premier film à mi-chemin entre le thriller et le drame familial qui marque pour son interprétation et sa très belle tenue esthétique.

À l’instar du cinéma britannique, le cinéma belge a cette particularité de ne pas avoir besoin d’aligner des histoires foncièrement très originales pour convaincre : l’esthétique soignée dont il fait preuve et le talent écrasant de ses acteurs suffisent. Une caractéristique particulièrement vraie du côté flamand, comme le prouve une nouvelle fois D’ARDENNEN, premier long-métrage de Robin Pront. Écrit et interprété par Jeroen Perceval – vu et apprécié notamment dans BULLHEAD et BORGMAN –, D’ARDENNEN met en scène deux frères, Dave (Perceval) et Kenny (Kevin Janssens). Lorsqu’un casse tourne mal, le premier échappe aux autorités mais le second plonge. Quatre ans plus tard, Dave a refait sa vie mais son quotidien va être bouleversé quand Kenny sort de prison et fait tout pour récupérer l’amour de son ancienne petite amie, Sylvie (Veerle Baetens, connue pour ALABAMA MONROE). Ici, dans les banlieues populaires où le ciel ne semble connaître que le gris et l’air ambiant que l’humidité et le froid, on assiste au combat de quelques âmes pour leur rédemption. Mais surtout, pour leur bonheur, quand bien même irait-il avec « une putain de vie ennuyeuse ». On se bat contre son addiction à la drogue ou à l’alcool, on trouve que croire à la volonté d’être qui on veut est une bien belle connerie. On subit le déterminisme social et la cruauté du destin. Ce monde affligé, Robin Pront lui donne vie avec grand talent, une caméra perpétuellement en mouvement, fluide et aérienne, comme animée par une gracieuse énergie du désespoir. La photographie, froide, bleue et métallique de jour, plus chaude et vivante de nuit, construit une ambiance prenante et angoissante, comme prête à verser à chaque instant dans la tragédie shakespearienne. Mais surtout, la caméra de Pront saisit d’excellentes performances d’acteur. Si Baetens et Janssens marquent par leur capacité à ne pas en faire trop dans des émotions souvent animées et heurtées, Jeroen Perceval tient littéralement le film et sa réussite sur les épaules : sa prestation, intérieure et retenue, sert parfaitement la personnalité humble et contrite de Dave, qui ne demande qu’à s’émanciper de son envahissant frangin. Le drame qui se joue au cœur de D’ARDENNEN n’en est ainsi que plus touchant. Certes, D’ARDENNEN n’est peut-être pas des plus surprenants, mais le sérieux et le talent avec lesquels son univers est bâti n’en demeurent pas moins notables. On ne peut donc qu’attendre la suite de la carrière de Robin Pront avec impatience – et continuer à suivre de près celle de Jeroen Perceval.

De Robin Pront. Avec Jeroen Perceval, Veerle Baetens, Kevin Janssens. Belgique. 1h35. Prochainement

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