Toronto 2015 : URBAN HYMN / Critique

10-09-2015 - 23:19 - Par

Toronto 2015 : URBAN HYMN / Critique

Un drame social qui parvient par moments à surmonter un sentimentalisme forcené guère maîtrisé et balisé.

Août 2011. Londres. Des émeutes éclatent dans la capitale anglaise et certains se livrent à des pillages. David Cameron dira alors : « Ces émeutes n’avaient rien à voir avec la race (…). Ces émeutes n’avaient rien à voir avec les réductions de budget. (…) Ces émeutes n’avaient rien à voir avec la pauvreté. (…) Ces émeutes avaient tout à voir avec le comportement : des gens qui se montrent indifférents au bien et au mal, des gens au code moral tordu, incapables de se contrôler. » Le réalisateur écossais Michael Caton-Jones (ROB ROY, LE CHACAL, MEMPHIS BELLE) réplique à ce discours avec URBAN HYMN. Il y suit une ancienne universitaire en sociologie, Kate (Shirley Henderson), qui s’implique dans un centre pour jeunes, où elle se prend d’affection pour Jamie (Letitia Wright), jeune orpheline douée pour le chant. Une relation que la meilleure amie de cette dernière, la violente et désocialisée Leanne (Isabella Laughland), voit d’un très mauvais œil. Caton-Jones s’érige ici contre le déterminisme social et, par un jeu de juxtapositions – visuelles et narratives –, oppose puis rapproche Kate et Jamie. Une belle idée sur laquelle le cinéaste trébuche pourtant : si URBAN HYMN est sans doute ce qu’il a fait de plus naturaliste, lesdites juxtapositions sont parfois maladroites et le sentimentalisme du récit, guère maîtrisé, a tendance à tirer le film vers le bas. Tout semble ici redoutablement balisé, déjà vu. Rien ne semble venir troubler la prévisibilité de l’ensemble – qu’il s’agisse de l’intrigue ou des émotions. URBAN HYMN a ainsi les atours d’un petit film un peu simpliste et superficiel, emporté par son élan émotionnel, et dont les épaules ne sont pas assez larges pour son sujet. Pourtant, le film ne démérite pas totalement. Tout d’abord parce que Michael Caton-Jones soigne sa mise en scène, ses compositions, et fait, au final, preuve d’une grande retenue. Avec son auteur Nick Moorcroft, ils évitent même nombre d’écueils ou de ‘rebondissements’ que le spectateur craignait pourtant de voir arriver. Un refus global du pathos manipulateur qui permet à URBAN HYMN de respirer la sincérité et de laisser éclater son atout principal : ses deux protagonistes, Kate et Jamie. Si leur histoire sonne comme un récit édifiant, il n’en est pas moins émouvant de voir ces deux solitudes se rencontrer, s’aider mutuellement et trouver un terrain d’entente – la musique, sous la forme d’une chorale. Les scènes de chant, où la photographie se fait chaude et accueillante, sont d’ailleurs les plus pures du film. De quoi regretter que URBAN HYMN soit autant victime de son propos – cf Leanne, réification théâtrale du déterminisme social – et de ses bonnes intentions.

De Michael Caton-Jones. Avec Letitia Wright, Shirley Henderson, Isabella Laughland. Royaume-Uni. 1h54. Prochainement

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.