Toronto 2015 : MAN DOWN / Critique

13-09-2015 - 23:59 - Par

Toronto 2015 : MAN DOWN / Critique

Le nouveau film de Dito Montiel est la preuve par l’image que le traitement et la vision d’un cinéaste font tout. Dans ce cas précis, ce n’est pas une bonne nouvelle.

Un jeune homme, Gabriel (Shia LaBeouf) entre dans une maison l’arme au poing pour y délivrer son enfant d’une menace inconnue. Il vit dans une Amérique post-apocalyptique dévastée par un ennemi non déterminé. Quelques mois plus tôt, Gabriel, alors Marine, est convoqué par un psy de l’armée américaine. Encore quelque temps auparavant, Gabriel s’entraîne à devenir un soldat et vit une existence paisiblement heureuse avec son épouse Natalie (Kate Mara) et leur fils. Telles sont les trois temporalités dans lesquelles évolue le récit de MAN DOWN, nouvelle réalisation de Dito Montiel, pour laquelle il dirige de nouveau son acteur d’IL ÉTAIT UNE FOIS DANS LE QUEENS, Shia LaBeouf. Malheureusement, les retrouvailles n’ont rien de réjouissant. MAN DOWN pourrait même se présenter comme un cas d’école douloureux : le film prouve que la vision du réalisateur a (logiquement) tout pouvoir. Parfois pour le meilleur. Ici pour le pire. Chaque choix de Montiel est contestable, voire franchement irritant. La narration éclatée, par son manque de précision, perd le spectateur pendant un bon tiers du métrage. Ce qui pourrait être voulu, destiné à créer le mystère, n’est en fait qu’un énorme obstacle à l’appréhension de la chronologie des événements et prive le public de toute empathie pour les protagonistes. Un peu perdu, sans grande prise sur la narration, on se désintéresse vite de ces personnages qui paraissent si rebattus. Pire, la manière dont Montiel monte MAN DOWN ne laisse aucun doute – et ce, dès le premier acte : tout ceci doit mener à un twist. Selon les spectateurs, il se révèlera au mieux évident, au pire vite éventé. Appuyant sur chaque émotion à grand renfort de pathos, Montiel ne parvient jamais à saisir son histoire avec subtilité, à laisser son film vivre sans artifice, à laisser ses acteurs respirer. Il écrase tout sous une musique trop présente, des chansons country pop ne collant pas aux images ou un sentimentalisme militaire gênant. Le plus triste ? L’histoire et le thème principal de MAN DOWN sont au final plutôt intéressants. Tout comme les émotions qu’il souhaite explorer. La seule fois où Montiel laisse tomber ses fioritures, il capte même un moment de grâce – un dialogue dans la voiture entre Gabriel et son fils qui donne son titre au film. Les performances de Kate Mara et Jai Courtney sont valides et mesurées, celles de Shia LaBeouf et du jeune Charlie Shotwell marquantes. Le score de Clint Mansell est souvent inspiré, parfois superbe. Comment MAN DOWN a donc pu déraper à ce point ? Le traitement. La manière dont Montiel use de tous ces éléments.

De Dito Montiel. Avec Shia LaBeouf, Kate Mara, Jai Courtney. États-Unis. 1h32. Prochainement

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