SEUL SUR MARS : chronique

20-10-2015 - 16:43 - Par

SEUL SUR MARS : chronique

Efficace et divertissant, SEUL SUR MARS trébuche sur son manque de cohérence de ton. Mais Matt Damon, impérial, sauve la mise.

Martian-Poster« L’espace ne coopère pas. » Cette réplique lancée par Mark Watney (Matt Damon) devrait résumer à elle seule l’expérience qu’il connaît dans SEUL SUR MARS. Laissé pour mort sur le sol martien après une tempête dévastatrice qui a forcé son équipage à fuir et à abandonner sa mission, le botaniste/astronaute tente de survivre sur une planète où ses vivres sont limités, où aucune plante nutritive n’est censée pouvoir pousser et où un désert forcément inhospitalier s’étend à perte de vue. Pourtant, rares sont les moments où l’on peut justement sentir que « l’espace ne coopère pas ». Le script de Drew Goddard (CLOVERFIELD), adapté du roman d’Andy Weir, opte en effet pour l’ironie et l’humour : un ton extrêmement surprenant qui a l’avantage de donner à SEUL SUR MARS des atours originaux, presque inédits dans le genre survival. Conçu comme une sorte de film d’aventure pour MacGyver de l’espace (« Comment faire pousser de quoi se nourrir ? », « Comment entrer en contact avec la Terre? » etc ), SEUL SUR MARS s’avère divertissant, souvent malin, prenant et, oui, plutôt drôle. Mais ce parti pris de la légèreté, bien que notable et efficace, a son revers : Ridley Scott pousse parfois le bouchon un peu trop loin (la soundtrack disco, running gag assez épuisant) au point que Watney ne semble que trop rarement en réel danger à l’écran. La tension, et les émotions en général, peinent à exister. D’autant que la narration en face caméra façon journal de bord, bien qu’elle apporte un grand dynamisme au récit, a tendance à priver le film de tout mystère, de toute ambiance. Jamais ne laisse-t-on le temps au spectateur de sentir, de ressentir – notamment la menace morbide qui pèse sur Watney. Scott tente bien de revenir à une certaine gravité dans le dernier tiers mais il aligne des passages obligés du film catastrophe qui semblent ici presque déplacés et forcés (la foule passionnée et inquiète devant des écrans de télé, la coopération internationale pour sauver Watney etc.). Mais si SEUL SUR MARS trébuche sur sa cohérence de ton, le film a un atout majeur et irréfutable: Matt Damon. Les seconds rôles ne déméritent pas (citons notamment Chiwetel Ejiofor, Aksel Hennie et Jessica Chastain), mais le comédien est littéralement le cœur, l’âme et le squelette de SEUL SUR MARS. Sa performance, à la fois naturelle, enlevée, drôle et subtilement affligée, s’avère profondément humaine. Lui seul, par la justesse folle de son jeu et l’empathie immédiate qu’il génère, offre au film ses émotions les plus vraies, les plus pures. Un travail d’orfèvre en forme d’état de grâce qui mérite toutes les louanges.

De Ridley Scott. Avec Matt Damon, Jessica Chastain, Chiwetel Ejiofor. États-Unis. 2h10. Sortie le 21 octobre

3Etoiles5

 

 

 

 

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