Après le docu LE FUNAMBULE, Philippe Petit a droit à son biopic : un hommage ému de Zemeckis au pouvoir du storytelling.
De ce que l’on avait vu de lui dans le documentaire LE FUNAMBULE, on savait que Philippe Petit était un flamboyant fanfaron, un personnage au service de performances artistiques pures. En 1974, il accomplit un exploit illégal: marcher sur un fil tendu entre les deux tours du World Trade Center. Un « crime artistique » que retrace THE WALK qui, dès son introduction, ne laisse aucun doute : en le faisant raconter son histoire en face caméra depuis la Statue de la Liberté, Robert Zemeckis fait du funambule français une figure presque irréelle qui invente sa vie. Un conteur parfait donnant l’opportunité au cinéaste d’étudier l’impact du storytelling –sur son public, sur ses personnages. Comme dans la plupart des films de Zemeckis, la question du regard des personnages sur leur propre destin s’avère ici primordiale. Tout comme Marty McFly voit sa vie se construire devant lui, tout comme Ellie fait d’une question métaphysique universelle une quête intime et personnelle (CONTACT), tout comme Forrest Gump fait de son existence celle de son pays tout entier, Philippe Petit impose son regard à son histoire : il trace des traits fictifs entre des points réels du cadre, il déforme la réalité selon sa propre perspective. Ces idées de mise en scène donnent à THE WALK des atours de conte, dans lequel le spectateur doit se plonger de son plein gré et accepter ses excès parfois maladroit – car « il n’y a pas de spectacle sans public ». Dès lors s’ouvrent les portes d’un « sur- cinéma » charmant où la pluie tombe à verse en une demi-seconde, où les coups du destin sont trop énormes, où les rêves d’un artiste mènent au film de casse et où les seconds rôles (les fantastiques James Badge Dale et César Domboy) ont tout du sidekick d’un Disney classique. THE WALK invite à « entrer dans un monde différent » et joue avec le spectateur, avec sa peur du vide, avec son envie de voir Petit triompher – car sa réussite sera celle du beau, du fou, du trivial. Quand survient la traversée, le sensoriel et le sublime l’emportent. Reste cet acte gratuit et donc précieux, poétique et romanesque. Le geste d’un artiste qui se crée une bulle et qui, presque contre son gré, laisse le monde l’envahir. Durant cette séquence folle et brillante, ce n’est plus la sensation physique de vertige qu’imposent la mise en scène de Zemeckis et le score en suspension d’Alan Silvestri, mais une grâce indicible, remarquablement portée par la 3D. Des larmes incontrôlables affluent et il devient évident que personne ne pourra faire plus vibrant hommage au World Trade Center – et par la même, aux victimes du 11-Septembre.
De Robert Zemeckis. Avec Joseph Gordon-Levitt, Charlotte Le Bon, James Badge Dale. États-Unis. 2h03. Sortie le 28 octobre
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