THIS IS NOT A LOVE STORY : chronique

18-11-2015 - 12:54 - Par

THIS IS NOT A LOVE STORY : chronique

Autour d’une fille qui a un cancer, la danse empruntée de l’adolescence. Dans tout ce qu’elle a de plus beau.

LoveStory-PosterTHIS IS NOT A LOVE STORY (ou le très éloquent ME & EARL & THE DYING GIRL en version originale) n’est pas le baptême du réalisateur Alfonso Gomez- Rejon. Et pourtant, c’est à s’y méprendre : on dirait un premier film, dans toutes ses qualités et dans tous ses défauts. Un précédent long-métrage d’horreur (THE TOWN THAT DREADED SUNDOWN) et des épisodes de GLEE et AMERICAN HORROR STORY sous le coude, voilà que le metteur en scène débarque avec un teen-movie sur la mort, fort d’une liberté de ton quasiment virginale, d’un goût pour le bricolage rappelant vaguement Gondry et d’une passion toute immature pour la beauté du détail – on en fait des caisses sur les coussins, véritables doudous pour ados, on gribouille sur le papier peint des petits trucs tout mignons qui font pleurer à la fin. Bref, le film aurait pu être celui d’un étudiant en cinéma qui, soit un peu naïf soit un peu calculateur, voudrait émouvoir avec du rien. Sauf que THIS IS NOT A LOVE STORY, ce n’est pas rien. Que ce ne soit pas une histoire d’amour, c’est déjà énorme, car c’en est une sans en être une. C’est une love story adolescente entre une jeune fille qui a un cancer (Rachel, incarnée par la sublime Olivia Cooke) et un teenager mal dans sa peau (Greg, joué par Thomas Mann, parfait), gâchée par la pudeur et la peur. À cet âge où l’on se sent immortel, là où la perspective de la mort devrait lancer une course à la vie, tout est ici contrarié par les travers de cet âge. Il faut être blasé, il ne faut pas trop se dévoiler, il faut faire des blagues un peu débiles. Toute intrusion du réel, de l’honnêteté ou du cœur, est trop violente. Et souvent, sans avoir l’air d’y toucher, THIS IS NOT A LOVE STORY se fait terriblement violent. Greg et son pote Earl (RJ Cyler, révélation) refont des grands classiques du cinéma, en version minimaliste, fauchée, et des copines de Rachel leur demandent de réaliser un film pour la jeune malade. Mais quelle histoire et quels dialogues peuvent soigner la peur de mourir ? Est-ce qu’en agençant des sentiments de manière artificielle, on peut en traduire la réalité ? Le cinéma peut-il être si fort qu’il peut guérir ou tuer ? Autant de questions suspendues au-dessus de cette tragédie, humblement cachée sous les oripeaux d’une comédie cool calibrée pour gagner le Festival de Sundance (il a raflé le prix du jury, pour info). Le film n’est pas une comédie, ni une histoire d’amour, ni un drame… Il est là, aussi bizarre qu’un ado de 16 ans, il bouleverse, et sans pour autant manipuler, raconte l’injustice de la vie avec douceur, humour et candeur. Désarmant.

De Alfonso Gomez-Rejon. Avec Thomas Mann, Olivia Cooke, RJ Cyler. États-Unis. 1h45. Sortie le 18 novembre

4Etoiles

 

 

 

 

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