Une comédie à l’image de son interprète principale, Amy Schumer : aussi attachante qu’agaçante.
Auréolé depuis quelques années roi de la comédie américaine, Judd Apatow adoube avec CRAZY AMY l’actrice et scénariste Amy Schumer, nouvelle coqueluche U.S de l’humour féministo-trash. Portrait d’une jeune femme « moderne » qui préfère le sexe à l’amour, CRAZY AMY se veut être une romcom dans l’ère du temps, une sorte de mise à jour 2.0 pour enfin se débarrasser des clichés du genre. Ainsi donc Amy, notre héroïne, est une journaliste un peu dilettante qui baise plus qu’elle ne fait l’amour, se déglingue à tout ce qui passe (alcool, drogue), n’assume rien et surtout vomit le couple et la stabilité. Original ? Pas vraiment. C’est tout le souci de cette comédie, charmante en apparence, qui ne fait que substituer un cliché daté (la jeune jouvencelle qui attend le prince charmant) par un autre. Pendant un temps, l’arrivée du toujours parfait Bill Hader, en chirurgien et amoureux potentiel, permet de maintenir à flot l’équation lourdingue du film. Ça joue l’inversion des sexes avec une liberté de ton plutôt savoureuse. Tandis que Monsieur s’inquiète près du téléphone en dissertant naissance des sentiments avec son meilleur ami LeBron James (basketteur réputé, parfait ici en coach sentimental), Madame ricane avec ses copines de ses exploits sexuels de la veille. Par petits segments, comme autant de sketchs, le film pousse le bouchon un peu plus loin que d’ordinaire et réussit à nous faire rire. Amy Schumer assume la crudité avec un naturel confondant et s’amuse des faiblesses du « sexe fort ». Le personnage de bodybuilder romantique, amant de passage, crypto-gay, symbolise parfaitement la réussite et l’échec du film. C’est à la fois très amusant et totalement vain. Ni fondamentalement léger ni vraiment fouillé, le film semble tout survoler. Réduits à des caricatures plus ou moins bien senties, les personnages sont des fonctions qui apparaissent et disparaissent au gré du scénario. Pourtant, quand le film s’aventure du côté de la gravité, notamment sur la relation père- fille toxique, on se dirige vers ce fameux mélange de tons qui fait le charme des films d’Apatow. C’est cinglant, amer et assez bien senti. Malheureusement, ce n’est qu’une transition vers une dernière partie catastrophique. Le film se vautre ainsi tragiquement dans la rédemption de son héroïne totalement hors propos et bizarrement rétrograde. Pas désagréable, CRAZY AMY laisse un arrière-goût de pas fini, un sentiment diffus de ce qu’aurait pu être une grande comédie féminine et qui hélas, ne reste en l’état qu’une vague romcom collée à l’époque.
De Judd Apatow. Avec Amy Schumer, Bill Hader, Brie Larson États-Unis. 2h05. Sortie le 18 novembre
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