Passant d’une gênante médiocrité à une hilarante justesse, le retour de Derek Zoolander a le Magnum entre deux chaises.
Le destin de ZOOLANDER, troisième réalisation de Ben Stiller, est entré dans la légende : four monumental en raison d’une date de sortie américaine malheureuse – deux semaines après le 11 septembre –, il est devenu un succès vidéo et une des comédies les plus révérées des années 2000. Ce « drame » fondateur est au centre de la narration de ZOOLANDER 2 : alors que le 11 septembre a annihilé toute chance de succès de ZOOLANDER le film, ce sont les gravats de l’effondrement de son « Centre pour les enfants qui ne savent pas bien lire » qui enterrent Zoolander le personnage, mettant fin à sa carrière et le forçant à l’exil. Quinze ans plus tard, il doit sortir de sa réserve pour démasquer les assassins de stars qui, avant de succomber, ont toute posté des selfies de leur trogne imitant son look Magnum. Mais le monde (de la mode) a changé et Derek n’est plus qu’un has been. De ces fondations méta, Ben Stiller tire les plus grandes qualités de son film. Jouant clairement au « vieux con » – et créant ainsi une certaine connivence avec une génération qui a été ado avant Internet –, il parvient dans une foule de séquences hilarantes et idiotes à dresser un portrait acerbe de la culture de l’instantanéité. ZOOLANDER a mis des années à acquérir son aura. Mais désormais, le moindre détail futile du quotidien devient immédiatement une catch-phrase, un slogan, un hashtag ou un logo sur un t-shirt. Cette acuité ouvre la porte à une peinture assez juste de la manière dont l’humiliation gangrène les rapports humains actuels et, dans quelques élans de cruauté slapstick, Stiller décortique à coups de pelle dans la tronche une époque où l’ignominie n’a pas de limites, pourvu que ça buzze. On aurait aimé que ZOOLANDER 2 ne soit que cette chronique drôle et virulente de la génération Facebook/Twitter – comme ZOOLANDER était celle de la génération MTV. Malheureusement, à trop jouer le quadra lourdé, Ben Stiller accumule les faux pas : saillies grivoises datées, vannes dignes de « Yo Momma ! », surabondance de caméos ou reprises inutiles du premier film – l’orgie, la séquence musicale illustrée par Wham etc. Des effets outranciers ratés à cause desquels la vulgarité volontaire du film se retourne contre lui puisqu’elle n’est plus la cible de la parodie, mais son moteur. Restent heureusement le freak show de Kristen Wiig et Will Ferrell, quelques caméos très bien vus ou une jolie prestation de Cyrus Arnold en Zoolander Jr. Et le sentiment vague que ZOOLANDER 2, en dépit de ses qualités, s’avère bien trop laborieux pour toucher du doigt l’aisance indémodable de son prédécesseur.
De Ben Stiller. Avec Ben Stiller, Owen Wilson, Penélope Cruz. États-Unis. 1h42. Sortie le 2 mars
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