GREEN ROOM : chronique

26-04-2016 - 18:12 - Par

GREEN ROOM : chronique

Assez éloigné de BLUE RUIN, GREEN ROOM confirme pourtant la dévorante énergie du cinéma de Jeremy Saulnier.

Green-Room-PosterFaut-il être un super-héros pour combattre des super-vilains? Avoir la fibre belliciste pour partir en guerre? Pas le moins du monde! C’est ce que démontre par l’absurde le très inspiré Jeremy Saulnier dans GREEN ROOM. Un groupe de punk rock vivotant de concerts merdiques dans des régions pourries tombe sur un public retors: des skinheads. Les rockers vont regretter de les avoir invectives : témoins de ce qu’ils n’auraient pas dû voir, ils se retrouvent en danger de mort… Durant le premier acte, Saulnier s’amuse et échafaude une introduction très solide, fondée autant sur un humour sarcastique savoureux que sur une caractérisation des personnages assez fine. Puis, dans la construction d’une tension étouffante entre punks et néonazis, il joue à danser sur une frontière très subtile entre le « redneck thriller » et sa parodie. C’est là que GREEN ROOM bute sur un début de huis clos manquant singulièrement de mordant. Déjà vues, lambinant sur des répliques plates, ces quelques minutes font retomber le soufflé plus vite qu’on l’aurait cru. Pourtant, cette chute de tension est le moyen pour Saulnier de prendre sournoisement son public à revers et de le re-saisir à froid. Amorphe quelques instants, le spectateur se réveille subitement, secoué par le col lors d’un surgissement de violence inattendu et particulièrement brutal. Dès lors, GREEN ROOM ne décroche plus et fonce tête baissée, porté par une énergie imparable. Pitbulls tueurs, néonazis shootés à l’adrénaline, jeu de l’oie déviant allant perpétuellement d’une panic room de fortune à la salle d’une grange-bistrot cradingue, grosse parodie des recettes du slasher US : Saulnier lâche la bride sans s’excuser et offre à son formidable casting l’occasion de briller –tant dans la partie physique que rigolarde. Fort d’un découpage rentre-dedans, GREEN ROOM multiplie les scènes d’ultraviolence et a l’intelligence de ne jamais faire de quartier – ici, personne n’est à l’abri de mourir en une seconde au détour d’un plan furtif. Totalement récréatif, avec pour but l’amusement complice et exalté du public, GREEN ROOM se révèle à mille lieues de BLUE RUIN, le précédent opus de Saulnier – qui, bien que violent et situé chez les rednecks, s’avérait plus réflexif,
voire contemplatif. Reste que le cinéaste confirme un talent évident pour les personnages mémorables. Ceux de GREEN ROOM, totalement inaptes à toute survie en milieu hostile, n’ont rien de héros. Même leurs punchlines sont ringardes.
Pire : ces punks-là passent l’aspi et aiment Prince. Comment ne pas aimer de tels losers magnifiques ?

De Jeremy Saulnier. Avec Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart. États-Unis. 1h34
. Sortie le 27 avril

4Etoiles

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.