Cannes 2016 : MONEY MONSTER / Critique

12-05-2016 - 21:19 - Par

Cannes 2016 : MONEY MONSTER

De Jodie Foster. Sélection officielle, Hors Compétition.

Synopsis (officiel) : Dans ce thriller intense mené en temps réel, Lee Gates (George Clooney), animateur d’une émission financière, et sa productrice Patty (Julia Roberts) se retrouvent pris en otage dans leur studio de télévision par un spectateur (Jack O’Connell) furieux d’avoir tout perdu après avoir suivi les conseils d’investissement de Lee. Sous les yeux de millions de téléspectateurs, en direct, Lee et Patty vont lutter contre la montre et tenter d’élucider l’énigmatique conspiration qui semble se cacher au cœur des marchés mondiaux…

Une des toutes premières séquences de MONEY MONSTER montre un présentateur d’une émission économique, Lee Gates (George Clooney), faire le spectacle en parlant du concept d’argent dématérialisé. Sur l’écran, la réalisatrice Jodie Foster raille l’infotainment, son trop-plein de sons et d’images et surtout, sa manière de tout sur-illustrer. Il est donc bien dommage que son film sombre exactement dans ce travers et ce, assez rapidement. Certes, MONEY MONSTER a de très bonnes intentions et entend poser un regard féroce et acerbe sur les malversations du monde financier, la culture du tout-image et la mort du journalisme. Le tout, emballé dans un divertissement efficace et grand public. Sauf qu’à trop vouloir dire aux spectateurs qu’ils sont ‘avec eux’, Jodie Foster et ses stars George Clooney et Julia Roberts appuient sur chaque effet, dans l’espoir de créer une connivence à même de booster la crédibilité de leurs idéaux. Sauf que la mécanique se retourne contre le film, qui sonne profondément artificiel et superficiel. L’écriture, paresseuse, se révèle vite erratique. On peine à croire au revirement moral de Lee Gates, tout comme on lutte pour s’accrocher aux motivations de Kyle, le preneur d’otage (Jack O’Connell). Le script aussi les lâche en cours de route d’ailleurs, déshumanisant le personnage au point d’en faire un simple bouffon énervé. Pire, il le cantonne pendant une bonne partie du deuxième acte à l’arrière plan, où il soliloque en vociférant dans son coin, pendant que Clooney et Roberts font ‘du journalisme d’investigation’ par oreillette interposée et en contactant des hackers par mail. L’écriture est ainsi souvent grossière, jusque dans les dialogues – qu’ils soient caustiques ou virulents, ils soulignent tout ce que l’image montre ou a déjà montré – et dans une vision du monde manichéenne jusqu’à en être gênante. Quant à l’humour distillé tout au long du récit, il ne fait que tirer le film vers le bas, décroître la tension, limiter les enjeux émotionnels et la portée du propos. Handicapé par sa manière très naïve d’exposer ses idéaux et son manque de mordant, MONEY MONSTER fait partie de ces films qui font hausser les sourcils. Il semble croire dur comme fer à sa modernité, alors qu’en l’état, il est déjà cruellement daté et n’est qu’un ersatz de films déjà pas jojo des années 90 – type MAD CITY ou DES HOMMES D’INFLUENCE.

De Jodie Foster. Avec George Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell. États-Unis. 1h35. Sortie le 12 mai

 

 

 

 

 

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