UN TRAÎTRE IDÉAL : chronique

15-06-2016 - 16:23 - Par

UN TRAÎTRE IDÉAL : chronique

Après les récents LA TAUPE et UN HOMME TRÈS RECHERCHÉ, le cinéma s’empare à nouveau de l’univers de John Le Carré.

Traitre-PosterLes producteurs et cinéastes ont l’heureuse idée de piocher dans les histoires implacables de l’ancien agent secret devenu écrivain John Le Carré pour produire des anti-JAMES BOND. Des films bavards, anti-spectaculaires, presque poétiques. Depuis cinq ans plus particulièrement, les adaptations sont d’une qualité remarquable – tournez-vous vers la série de la BBC THE NIGHT MANAGER ou les films LA TAUPE et UN HOMME TRÈS RECHERCHÉ pour comprendre les atouts dramatiques de l’auteur. Si au cinéma, Tomas Alfredson et Anton Corbijn avaient traduit le monde impitoyable de l’espionnage dans des films sévères, rigoureux, précis, Susanna White – grande réalisatrice de séries télévisées – a fait d’UN TRAÎTRE IDÉAL une production très mainstream, sans grande identité visuelle d’accord, mais bougrement bien menée. Sur un scénario signé Hossein Amini, l’une des plumes les plus appliquées de la production actuelle (d’aucuns disent qu’il est trop scolaire dans ses influences hitchcockiennes), la réalisatrice trousse un vrai film d’espionnage, baladant son intrigue depuis un luxueux hôtel marocain jusqu’à une planque dans les Alpes suisses, du métro parisien aux cuisines d’un palace londonien. Un film ramassé et solide dans lequel Perry (Ewan McGregor), un type assez banal, en pleine rupture avec sa femme (Naomie Harris), voit un homme d’affaires russe (Stellan Skarsgård) jeter son dévolu sur lui et finir par lui confier des documents secrets pour qu’il les remette au MI:6. Une situation extraordinaire qui lui donne l’occasion de se sentir moins nul que d’habitude. Nouant une indéfectible relation avec Dima et sa famille, il devient un peu par la force des choses un espion britannique. Si la relation de couple entre Perry et Gail ne convainc jamais vraiment (la faute à un personnage féminin trop effacé), Ewan McGregor porte à lui seul le film, lui le non-initié qui nous trimbale par la main dans d’excitantes aventures en même temps qu’il se débat avec une situation qui le dépasse largement. Face à lui, Damian Lewis crée un personnage d’agent du gouvernement dont l’apparente simplicité regorge en fait d’un mystère insondable, comme s’il cachait tout l’univers secret du renseignement derrière son pardessus chic. UN TRAÎTRE IDÉAL est parfois trop conventionnel, et jamais la forme ou la mise en scène n’apporte une réelle plus- value à son scénario intrinsèquement efficace. Mais c’est un très bon récit d’espionnage, qui remplit parfaitement le cahier des charges : des patios exotiques baignés de soleil aux trottoirs mouillés des pays du G7, la fin des idéaux.

De Susanna White. Avec Ewan McGregor, Naomie Harris, Stellan Skarsgård. Grande-Bretagne. 1h48. Sortie le 15 juin

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