CIGOGNES & COMPAGNIE : chronique

Nicholas Stoller et Doug Sweetland refont MONSTRES & CIE en mode ANIMANIACS, avec des cigognes. Désopilant et bourré d’idées.

Fut un temps où les cigognes délivraient les bébés. Mais à la suite d’un incident qui a empêché une petite fille, Tulip (Katie Crown), d’atterrir dans sa famille, elles se sont reconverties. Elles dirigent désormais un géant du commerce en ligne dont Junior (Andy Samberg) est un des livreurs stars. Mais tout déraille quand Tulip, désormais jeune femme, relance par mégarde la machine à bébés… Avec son pitch reprenant de loin la trame de MONSTRES ET CIE – le titre français n’en fait aucun mystère –, CIGOGNES & COMPAGNIE pourrait apparaître comme l’énième tentative d’un studio de concurrencer sur leur terrain les géants Pixar, Disney et DreamWorks. Mais non. CIGOGNES & COMPAGNIE affiche une identité bien plus marquée. Nouvelle production du Warner Animation Group (voir p.60) après LA GRANDE AVENTURE LEGO, CIGOGNES & COMPAGNIE réifie l’intention du studio de ressusciter l’esprit déjanté des animés qui ont fait sa gloire passée – des LOONEY TUNES à Tex Avery. Porté par l’esprit frondeur de Nicholas Stoller, réalisateur de comédies censurées R (NOS PIRES VOISINS) et le style génialement cartoon de Doug Sweetland (réalisateur du court-métrage Pixar PRESTO, déjà bien barré en la matière), CIGOGNES & COMPAGNIE vibre d’un élan qu’on n’avait pas revu à l’écran depuis nos années de jeunesse passées devant LES ANIMANIACS. Si Stoller et Sweetland content avec soin une véritable histoire qui ménage de beaux moments d’émotion et un propos – une vision du consumérisme presque aussi à charge que celle de LA GRANDE AVENTURE LEGO ; un plan bienvenu et pas si anodin sur un couple gay qui reçoit son bébé –, CIGOGNES & COMPAGNIE se démarque surtout pour sa puissance comique. Une puissance nucléaire, même, dont on croit qu’elle va bien finir par s’épuiser mais qui se révèle inarrêtable, en perpétuel renouvellement. Loin de viser l’universalité, Stoller et Sweetland semblent prendre un malin plaisir à construire un film pour grands enfants, sacrifiant parfois l’efficacité de la narration ou les enjeux émotionnels sur l’autel de la gaudriole. Une place laissée au gag – du plus soigneusement construit au plus gratuit – qui accorde aux idées les plus folles et aux personnages secondaires le droit de s’épanouir comme il se doit – les loups et le pigeon feraient de fantastiques collègues de Minus et Cortex. CIGOGNES & COMPAGNIE n’a pas la puissance d’un grand Pixar ou DreamWorks mais il compense avec sa générosité et sa capacité à susciter une hilarité pavlovienne, qui en font un sacré bon moment de déconne.

De Nicholas Stoller et Doug Sweetland. Avec les voix originales d’Andy Samberg, Katie Crown. États-Unis. 1h29. Sortie le 12 octobre