INFERNO : chronique

08-11-2016 - 19:38 - Par

INFERNO : chronique

Loin du ridicule de DA VINCI CODE, INFERNO souffre tout de même d’une narration prévisible et datée. Reste l’énergie de Ron Howard.

inferno-posterAprès ses passionnants RUSH et AU CŒUR DE L’OCÉAN, Ron Howard revient à la licence Dan Brown initiée en 2006 avec DA VINCI CODE et continuée trois ans plus tard avec ANGES & DÉMONS. Pendant un bon quart d’heure, la surprise est de taille: on croirait que Ron Howard parvient enfin à donner vie et sens à cette franchise qui, jusqu’à présent, avait oscillé du ridicule au tiède. Le générique d’entrée délivre le cœur des enjeux – en conférence, un milliardaire (Ben Foster) désigne la surpopulation et ses conséquences comme cancer de l’Humanité. « Peut-être la souffrance pourra- t-elle nous sauver », tance-t-il. INFERNO se cale ainsi dans la lignée dramatique de la série UTOPIA notamment – tuons la moitié des habitants de notre planète pour lui redonner un avenir avant que l’Humanité ne s’éteigne complètement. Passé cette introduction didactique mais plutôt efficace dans sa manière d’être sentencieuse, INFERNO élève le débat. Visiblement encore habité par les élans mortifères et graphiquement grotesques d’AU CŒUR DE L’OCÉAN, mais aussi par l’énergie dévorante de RUSH, Ron Howard bouscule les attentes. Il délivre une longue séquence alliant le mystère à la nervosité, déployant une imagerie horrifique inspirée de « La Divine Comédie » de Botticelli. L’enfer et l’apocalypse prennent vie à l’écran le temps de visions cauchemardesques tandis que, formellement, Howard joue la carte d’un sound design bruitiste et d’un découpage affûté. Les peurs et souffrances de Robert Langdon (Tom Hanks) prennent vie et installent INFERNO dans une dimension doloriste plutôt sensorielle. Mais malheureusement, le film ne survivra pas à ce premier quart d’heure plein de promesses. Dès que Ron Howard doit respecter le cahier des charges de Dan Brown – conspirations, décodages d’œuvres picturales ou architecturales, méchants dont la détermination fait office de foi–, INFERNO s’effondre sur lui-même. Car ce qui peut éventuellement fonctionner dans les romans passe guère l’épreuve de l’écran. Le script, tout à son intrigue prétendument alambiquée, étouffe toute émotion et tout développement convaincant de personnage – et même Tom Hanks, l’air pour une fois peu convaincu, n’y peut rien. Howard, en dépit de quelques surgissements énergiques de sa mise en scène, se retrouve alors vite prisonnier de cette mécanique fonctionnelle, sans grand-chose d’autre à filmer que des séquences dialoguées sur-explicatives et redondantes, au mieux ennuyeuses, au pire irritantes. Lancé sur des rails, INFERNO s’avère bancal et laborieux, à mille lieues de ce dont Ron Howard est capable.

De Ron Howard. Avec Tom Hanks, Felicity Jones, Omar Sy. États-Unis. 2h02. Sortie le 9 novembre

2Etoiles

 

 

 

 

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