Cannes 2017 : LE VÉNÉRABLE W. / Critique

De Barbet Schroeder. Sélection officielle, hors compétition, séances spéciales.

Synopsis officiel : En Birmanie, le « Vénérable W. » est un moine bouddhiste très influent. Partir à sa rencontre, c’est se retrouver au cœur du racisme quotidien, et observer comment l’islamophobie et le discours haineux se transforment en violence et en destruction. Pourtant nous sommes dans un pays où 90% de la population est bouddhiste, religion fondée sur un mode de vie pacifique, tolérant et non-violent.

Barbet Schroeder, documentariste hors pair de la frontière ténue entre le bien et le mal, frappe à nouveau.

L’image d’Épinal du moine bouddhiste dont l’esprit s’est élevé au-dessus des hommes prend un sacré coup avec LE VÉNÉRABLE W. Barbet Schroeder nous emmène en Birmanie à la rencontre du Vénérable W (Wirathu de son vrai nom), moine qui a fait des Musulmans la cible de toute sa haine. Comme tout leader propageant la peur pour mieux régner, W nourrit le culte de sa propre personnalité (il est souvent pris en flagrant délit de mensonge) et joue sur un délire de persécution sans aucun fondement. Sûr que la santé d’un pays doit reposer avant tout sur la religion (la sienne, évidemment) et doté d’un certain sens de l’éloquence, il va lancer des mouvements extrêmes – et souvent interdits – et mettre en œuvre un nettoyage ethnique. En contre-point, d’autres moines bouddhistes démolissent ses idées et la manière dont W pervertit les paroles de Bouddha pour propager la violence. En l’écoutant louer les « qualités » de Donald Trump, on est forcément amener à réfléchir sur les dérives possibles de l’islamophobie actuelle dont souffre l’Occident. Est-on vraiment à l’abri de ce genre de courants mortels ? Images d’archives insoutenables, entretiens qui font froid dans le dos, témoignages de journalistes et d’activistes pour les droits de l’Homme : Barbet Schroeder lève le voile sur le chemin mental et politique de la haine et livre un grand documentaire comme un signal d’alarme.

De Barbet Schroeder. Documentaire. France. 1h50. Sortie le 7 juin