Cannes 2017 : HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES / Critique

22-05-2017 - 07:47 - Par

Cannes 2017 : HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES

De John Cameron Mitchell. Sélection officielle, hors compétition.

Synopsis : Angleterre, en pleine période punk. Un jeune garçon, Enn, se rend à une fête et y tombe instantanément amoureux de la mystérieuse Zan. Il comprend bientôt que la jeune femme et tous les convives de la soirée viennent d’un autre monde.

De HEDWIG AND THE ANGRY INCH à SHORTBUS, John Cameron Mitchell a su mettre du queer et du cul dans le cinéma américain. À la fois festif et mélancolique, il fait des films mineurs, certes, mais inoubliables. Avec HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES, il s’affranchit encore un peu plus des conventions. Peut-on faire un coming of age avec des aliens, du punk, et Nicole Kidman ? Pourquoi pas ? Ce qui démarre comme un SING STREET sans new wave mais avec beaucoup de Sex Pistols va connaître un choc culturel. Le jeune Enn (Alex Sharp) et ses copains pensaient s’incruster à une grosse « after partay » punk digne de leur époque – l’Angleterre de 1977 -, ils vont en fait débarquer dans un gros hôtel particulier où chaque pièce offre son spectacle vivant. Moulés dans des combinaisons bleues, jaunes, vertes ou oranges, des corps accomplissent des danses ou des transes improbables. « Ils doivent être Californiens », s’émerveille l’un des trois. En fait ce sont des aliens et l’une d’elle, Zan (Elle Fanning), se rebelle contre sa colonie par trop codifiée. Zan et Enn tombent sous le charme l’un de l’autre et elle décide de quitter les siens le temps de faire son apprentissage auprès des humains. Et c’est un incroyable périple dans l’Angleterre du rock, hurlante et grisonnante, qui l’attend. Mais HTTTGAP ne sera plus jamais la carte postale socioréaliste que son préambule laissait présager. Comme LA SOUPE AUX CHOUX osait mettre de la SF dans la franchouillardise, John Cameron Mitchell fait fondre sur le No future de l’extravaganza, de l’anticipation et du bizarre. Avec des extraterrestres semblant tout droit sortis de l’imagination d’un Philippe Decouflé période Albertville, mais aussi des incartades vers le morbide dignes des univers de Chris Cunningham, le film déroule un univers latex et SM croustillant et graphique. On y voyage les yeux émerveillés, comme dans une expo d’art contemporain dont l’imagination et le non sens amusent et interpellent. Mais HTTTGAP transcende son statut d’installation ludique pour raconter le parcours de Enn et Zan vers leur premier chagrin amoureux. Comment leur coup de foudre peut-il survivre à la différence ? L’esprit du E.T. de Spielberg veille… Il y a autant d’imagination que de générosité dans la SF fauchée de John Cameron Mitchell mais surtout une fantastique poésie.

De John Cameron Mitchell. Avec Alex Sharp, Elle Fanning, Nicole Kidman. Etats-Unis. 1h42. Prochainement

 

 

 

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