MESSAGE FROM THE KING : chronique

10-05-2017 - 08:40 - Par

MESSAGE FROM THE KING : chronique

D’un film de commande, Fabrice Du Welz tire un revenge movie efficace, qui use avec brio du magnétisme fascinant de Chadwick Boseman.

Message-PosterLos Angeles : Jacob King (Chadwick Boseman) débarque du Cap pour retrouver sa sœur disparue. Dans la mégapole californienne, il découvre un univers interlope fait de drogue, de sexe, de misère et de violence, auquel il va bientôt devoir opposer une rage destructrice impitoyable… Longtemps développé pour James McTeigue, MESSAGE FROM THE KING échoit finalement à Fabrice Du Welz, réalisateur belge dont l’univers très marqué a par le passé donné lieu à des propositions de cinéma radicales et notables: CALVAIRE, VINYAN et ALLELUIA. Après un passage douloureux par le polar à la française sur le problématique COLT 45, Du Welz s’essaie donc au film de commande américain. Avec succès. Car si MESSAGE FROM THE KING n’a rien d’un projet personnel, il n’en fait pas pour autant un produit sans âme. Le choix (peu importe qu’il soit en partie imposé par les moyens limités, voir p.94) de filmer Los Angeles presque entièrement de jour permet à MESSAGE FROM THE KING de revêtir une apparence très organique, proche de séries comme THE SHIELD ou SOUTHLAND et donc d’un Richard Fleischer mythique, LES FLICS NE DORMENT PAS LA NUIT. Un réalisme –pour ne pas dire naturalisme– évacuant tout romantisme ou toute velléité de ‘mystique’ californienne et qui redonne à la cité ses atours cosmopolites et tentaculaires. Un décor qui offre aussi au récit une ancre solide et un écho aux troubles que traverse le protagoniste. Filmé avec un talent redoutable par la directrice de la photographie Monika Lenczewska, notamment dans des contre-jours savants faisant de lui une silhouette mystérieuse, une ombre menaçante, Chadwick Boseman porte MESSAGE FROM THE KING avec une assurance remarquable. D’un côté, Du Welz humanise son King au contact d’un personnage archétypal de mère célibataire que rend convaincante la toujours impeccable Teresa Palmer. De l’autre, il l’iconise avec brutalité, s’attarde sur ses regards affligés, capte ses accès de violence avec une énergie débordante – quitte à perdre en lisibilité dans le découpage de certaines bastons– et glisse quelques jolis moments de transe cauchemardesque qui ne jureraient pas dans ses films européens. On décèle ici tout l’amour du réalisateur pour le cinéma d’exploitation, dont il balaie l’histoire : si le pan 70’s de la première partie se révèle plus fort que les élans 80’s, voire 90’s, de la seconde, et si le récit aurait peut-être gagné à être un peu plus ramassé, MESSAGE FROM THE KING conserve une grande efficacité, jusque dans son excellente dernière scène, qui parfait avec malice le portrait de Jacob King.

De Fabrice Du Welz. Avec Chadwick Boseman, Teresa Palmer, Luke Evans. France/Belgique/États-Unis. 1h43. Sortie le 10 mai

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