FREE FIRE : chronique

14-06-2017 - 09:12 - Par

FREE FIRE : chronique

Bien que FREE FIRE soit à deux tiers une longue fusillade, Ben Wheatley signe un actioner qui a plus de coeur que de tripes.

FREE FIRE débute sur des plans aériens au-dessus d’une ville, comme si le réalisateur Ben Wheatley avait encore la tête dans les hauteurs de HIGH-RISE. Pourtant, c’est bien à ras du sol que va se dérouler FREE FIRE et, à bien des égards, la promesse de ces premiers plans d’offrir un regard à distance va se révéler complètement trahie. Durant les années 70, des militants de l’IRA débarquent à Boston pour acheter des armes à un trafiquant. Mais dans le hangar où la transaction doit avoir lieu, la tension monte rapidement. Jusqu’à ce qu’une bagarre, puis une fusillade, explose. Au pied du mur, comme possédés par le démon de l’absurde, les deux camps semblent n’avoir plus d’autre idée que de s’entretuer. Bien que la filmographie de Ben Wheatley ne soit pas un modèle de constance, le cinéaste anglais a le mérite de ne jamais se répéter et de proposer des expériences singulières, parfois étranges et souvent jusqu’au-boutistes, portées par un certain goût du chaos. En dépouillant ici le récit à son maximum pour obtenir une narration linéaire et binaire, aux enjeux immédiats d’une simplicité radicale, Wheatley propose la version la plus dégraissée de son style cartoonesque, constitué autant d’ambition visuelle que de saillies humoristiques. Mais, étrangement, ce n’est pas tant l’exercice de style qui convainc le plus. Bien sûr, l’amateur de gun fight ne pourra que se réjouir d’assister, incrédule, au déroulement d’une fusillade de soixante minutes quasi ininterrompues. Un jeu de massacre que Wheatley peine à pleinement maîtriser : ses arrière-plans sont souvent vides et statiques tandis que son découpage, par excès d’urgence, manque parfois de clarté – absence quasi totale de plans larges et omniprésence de cadres serrés filmés à l’épaule, rendant la spatialisation hasardeuse. Néanmoins, c’est presque dans cette incapacité frustrante à remplir le contrat que Wheatley cache la profession de foi de FREE FIRE : ses personnages lui importent plus que tout. La fusillade n’est qu’un prétexte pour s’attarder sur les peurs et les blessures de malfrats pour lesquels le spectateur finit par ressentir une grande empathie. Un exploit que Wheatley et sa coscénariste Amy Jump accomplissent grâce à une longue caractérisation en premier acte, puis des dialogues naturels et drôles, et enfin des prestations d’acteurs impeccables (Cillian Murphy, Armie Hammer et Jack Reynor en tête) tour à tour dignes, cool, survoltés. De quoi assurer à FREE FIRE une identité et de ne pas être qu’un ersatz cockney de RESERVOIR DOGS.

De Ben Wheatley. Avec Cillian Murphy, Brie Larson, Armie Hammer. Royaume-Uni/France. 1h30. Sortie le 14 juin

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