LADYBIRD : chronique

27-02-2018 - 15:30 - Par

LADYBIRD : chronique

Un grand film discret, doux et triste, porté par la grâce de son écriture et de ses interprètes. Gros coup de coeur.

Jamais tonitruant, LADY BIRD avance avec une force tranquille qui met K.O. Dédié à la ville de Sacramento, le premier film réalisé par Greta Gerwig fait la belle démonstration que les meilleures histoires sont celles qui nous parlent des autres pour mieux nous parler de nous. Dans une voiture qui file, une mère et sa fille pleurent en écoutant la fin des « Raisins de la colère » en audiobook. Les gestes sont simples, les regards tendres. Soudain, la discussion s’envenime, l’engueulade éclate et prend des proportions quasi burlesques. Plus qu’un énième récit d’apprentissage, LADY BIRD réinvestit la fin de l’adolescence, avec un regard et une tendresse d’adulte. Non pas avec une nostalgie régressive, mais plutôt avec une forme de lucidité, jamais cynique ni aigre, sur la nécessaire et souvent injuste violence de cette période. On n’est pas sympa quand on a 17 ans. Et Greta Gerwig le raconte avec ce qu’il faut d’empathie et de bienveillance pour faire de chacun de ses faux pas un pas en avant. Adulte, on prend ce LADY BIRD comme une piqûre de rappel en revoyant, derrière les frasques de sa jeune héroïne, des réminiscences de notre propre émancipation. Peu de films ravivent autant le souvenir de la maison familiale, de ses parents, de leurs tics agaçants, des dîners et de cette sensation fugace d’avoir fait partie d’un tout. Ado, on imagine que le film doit faire l’effet d’un pansement sur des blessures à vif. Il y a, derrière cette histoire anodine, quelque chose qui touche à une forme d’universel. On est d’autant plus ravis que Greta Gerwig la raconte au féminin. Accrochée à l’énergie de son héroïne, la réalisatrice esquisse une galerie de personnages adultes ou ados, tous pris et aimés dans leurs défauts et leurs fragilités. Par une force centrifuge qui irrigue et rythme le film, Lady Bird traverse leurs vies, les observe, les aime, les désire, les maltraite et, par là même, nous donne à voir leur humanité. Du petit ami parfait (Lucas Hedges) au ténébreux intello (Timothée Chalamet), de la meilleure copine ringarde (Beanie Feldstein, irrésistible) à la chipie branchée, tous existent grâce à la justesse du regard porté sur eux. Mais surtout, il y a ce duo mère-fille, cœur battant volcanique, qui fait de LADY BIRD un grand film d’amour. Si Saoirse Ronan est parfaite, ses échanges avec Laurie Metcalf, géniale mère-dragon aimante, entraînent le film vers des sommets de comédie et de pudeur. Beau comme une lettre d’excuses qu’on enverrait des années après sa faute, émouvant comme un souvenir d’adolescence désuet et pourtant fondateur, LADY BIRD bouleverse avec douceur.

De Greta Gerwig. Avec Saoirse Renan, Laurie Metcalf, Lucas Hedges. États-Unis. 1h33. Sortie le 28 février

4Etoiles

 

 

 

 

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