OVERLORD : chronique

20-11-2018 - 20:21 - Par

OVERLORD : chronique

La nouvelle production J.J. Abrams relit le Débarquement en Normandie à la sauce SF horrifique. Sanglant, explosif et méchamment fun.

 

La fiction aime réinventer l’Histoire et, au sein des uchronies les plus marquantes figure la Seconde Guerre mondiale – de INGLOURIOUS BASTERDS au « Maître du Haut Château ». Dans OVERLORD, il ne s’agit pas réellement de changer le cours des faits comme chez Quentin Tarantino ou Philip K. Dick, mais d’insuffler à l’événement réel une significative dose de fiction, voire de science-fiction, pour le remodeler en fantasy débridée. Une astuce qui permet à OVERLORD de s’ancrer dans le véridique quand il le souhaite – le contexte est celui des heures précédant le Débarquement – ou d’y déroger à son bon vouloir – la ségrégation, effective dans l’armée américaine jusqu’en 1948, n’a pas cours ici. La réussite première d’OVERLORD tient dans l’efficacité avec laquelle il convoque et use de la réalité comme vecteur d’atmosphère et d’immersion du spectateur, à l’instar des sirènes du blitz qui illustrent les premières secondes du film, avant même la première image. À ce titre, la première séquence, à la fois descriptive (la mission des soldats y est décrite par le menu) et viscérale (la tension qui anime les soldats suinte de l’écran), bien que parfois un peu trop numérique, impressionne et donne le ton. Alignant les images fortes, le réalisateur Julius Avery fait preuve d’une belle maîtrise et jette le spectateur dans le chaos, sans pincettes. Avant de tout à coup changer son fusil d’épaule. Subitement, OVERLORD bifurque, calme le jeu et prend son temps pour présenter soigneusement ses personnages – leurs peurs, leurs secrets, leurs principes. Une intention louable qui, si elle s’appuie sur les prestations solides d’acteurs attachants (Jovan Adepo et Wyatt Russell en tête), mène toutefois le récit à quelques errements inutiles et baisses de rythme. Rien qui ne fasse toutefois souffrir ce qui suit. Dans ce village français où ces soldats américains ont pour mission de détruire une tour radio afin de faciliter le Débarquement en Normandie, les nazis mènent des expériences secrètes… Dès que OVERLORD embrasse pleinement ce pan horrifique, il prend des atours de grand-huit sanglant et joyeusement grand-guignolesque, lorgnant autant du côté de RE-ANIMATOR que du jeu vidéo « Wolfenstein ». Son utilisation cartoonesque du nazi comme figure du vilain ultime n’a certes pas l’aisance ou la malice de celle des INDIANA JONES. Le film bute même sur quelques maladresses – la musique, notamment, bruyante et illustrative. Mais il se conclut intelligemment, sur une petite note inquiète mettant dos à dos les bellicismes. Un spectacle décomplexé et hautement recommandable. 

De Julius Avery. Avec Jovan Adepo, Wyatt Russell, Pilou Asbæk. États-Unis. 1h50 

3Etoiles

 

 

 

 

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