MINUSCULE 2 – LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE : chronique

30-01-2019 - 10:35 - Par

MINUSCULE 2 - LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE : chronique

MINUSCULE passe haut la main l’épreuve de la suite. Bousculant subtilement la formule, LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE est même d’une ampleur inédite.

 

En ce début d’année, deux animations très différentes dans leur facture, leur ambition et leurs moyens prouvent avec la même envie que la qualité d’écriture d’un film ne dépend pas uniquement de ce qui s’y dit mais aussi de ce qui s’y montre – et de comment on le montre. À l’instar de DRAGONS 3, dont la puissance visuelle dirige le récit et charrie des flots d’émotion, MINUSCULE 2 se repose sur sa mise en scène et sa minutie pour raconter son histoire – comme la série et le premier volet, cette suite est dénuée de dialogues. En plein hiver, par un malheureux concours de circonstances, une petite coccinelle se retrouve prisonnière d’un carton en partance vers la Guadeloupe. Son père fait alors de nouveau équipe avec la Fourmi et l’Araignée dans une folle mission de sauvetage… Hélène Giraud et Thomas Szabo ont beau cornaquer MINUSCULE depuis les débuts, ils ne se contentent pas de réappliquer à la lettre une formule éprouvée. Bien sûr, LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE reprend les éléments constitutifs de l’identité de la franchise avec son mélange de prises de vues réelles, d’images de synthèse, de décors à l’échelle humaine et de maquettes. Mais il en bouge subtilement les lignes. Ainsi, les humains sont plus présents et incarnés à l’image, et le vocabulaire visuel renouvelé. Là où MINUSCULE apparaissait parfois rigide dans sa volonté de reprendre un cadre documentariste un peu fixe et discret, LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE opte pour un travail de la caméra plus débridé, voire franchement cartoonesque par moments – comme dans la géniale poursuite à l’aéroport. La qualité et l’inventivité des compositions, qui n’hésitent jamais à jouer sur le décalage ou les différences d’échelles, et plus largement les idées de mise en scène (la formidable séquence de la mygale et ses contre-pieds), libèrent complètement le cadre et, au final, le récit. Illustration littérale du changement de décor de la franchise, qui passe des pâturages français aux plages et à la jungle des Caraïbes, MINUSCULE 2 s’émancipe dans cette ampleur. Véritable film d’aventures avec son galion de pirates, ses cavernes mystérieuses, ses rituels occultes et ses images iconiques irréelles, LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE joue la carte de l’épique et des idées un peu folles sans jamais perdre de vue sa rigueur et son efficacité burlesque. On pourra bien regretter quelques légères baisses de rythme, voire un ou deux rebondissements un poil forcés. Mais rien qui ne vienne entacher la très grande qualité du spectacle qui, ultime élégance, se conclut sur une note mélancolique particulièrement touchante.

De Hélène Giraud et Thomas Szabo Avec Bruno Salomone, Thierry Frémont France. 1h32. Sortie le 30 janvier

4Etoiles

 

 

 

 

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