THE OLD MAN & THE GUN : chronique

30-01-2019 - 10:40 - Par

THE OLD MAN & THE GUN : chronique

Un septuagénaire dépouille des banques et tombe amoureux. Après A GHOST STORY, le temps qui passe continue de hater le cinéma de David Lowery. Une splendeur.

 

« Cette histoire est presque vraie » : si David Lowery ouvre THE OLD MAN & THE GUN sur ce carton préventif, ce n’est pas pour jouer au petit malin méta. Son film a bel et bien pour point de départ un article de David Grann relatant l’histoire vraie de Forrest Tucker, braqueur de banques qui a passé sa vie à aller en prison ou à s’en évader et qui, à l’âge de 80 ans, perpétrait encore des casses. Sauf que David Lowery n’a que faire des faits et convoque uniquement ceux qui l’intéressent, ceux qui servent un dessein plus grand que la vérité : le désir de romanesque. Une ambition qui irradie dès la première séquence, où l’audace de Lowery déjoue les attentes et les codes du genre. Alors que Tucker vient de dépouiller un comptoir de banque et se lance dans une poursuite automobile avec les autorités, le cinéaste insère soudainement tout autre chose, une déviation sous la forme d’une rencontre et d’une romance possible. L’identité de THE OLD MAN & THE GUN réside dans cette malice qui, loin de frustrer, enchante. Tout à coup, le film ne se focalise plus tant sur les exploits de Tucker ou sur l’enquête de police, pourtant traités et captivants, mais bien sur l’aura de ce personnage capable de faire virer son existence à 180° sur un coup de cœur. Un personnage qui, c’est tout sauf un détail, a le charme et le charisme inaltérés de Robert Redford – « Je lui ai donné l’argent parce qu’il avait tout du gentleman », assure la caissière de la banque ! Tout à la gloire de sa star iconisée dans un Super 16 splendide, THE OLD MAN & THE GUN n’a pas Tucker pour héros, mais Redford. Il se démène sur le score plein de swing de Daniel Hart ; il sourit, juvénile et sublime, à une Sissy Spacek tout aussi fascinante que lui ; il taquine le flic Casey Affleck, au timing comique impeccable. La première séquence, encore elle, disait déjà presque tout, exercice de style confondant reprenant tous les codes du cinéma des 70’s. THE OLD MAN & THE GUN, s’il sait mimer ses aînés et citer les films de Redford, n’a pourtant rien de l’hommage stérile. Tour à tour léger et fantasmatique, triste et évocateur – incroyable poursuite sur une chanson de Jackson C. Frank –, THE OLD MAN & THE GUN file comme le vent, comme l’existence. Étude élégiaque du temps qui passe comme tous les films de David Lowery, THE OLD MAN & THE GUN bouleverse jusqu’aux larmes en déroulant à l’écran toute une Histoire du cinéma et offre une fin de carrière chevaleresque à la légende Redford. Du cinéma à l’état pur, joueur et élégant, déroulé avec grâce, générosité. Sans le moindre effort, comme un indescriptible tour de magie. 

De David Lowery. Avec Robert Redford, Sissy Spacek, Casey Affleck États-Unis. 1h32. Le 31 janvier sur Amazon Prime Video

5EtoilesRouges

 

 

 

 

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