MY BEAUTIFUL BOY : chronique

05-02-2019 - 11:51 - Par

MY BEAUTIFUL BOY : chronique

Le cinéma de Van Groeningen n’a rien perdu de son identité en traversant l’Atlantique, même si MY BEAUTIFUL BOY s’assagit un peu trop vers sa fin.

 

Avec LA MERDITUDE DES CHOSES, ALABAMA MONROE et BELGICA, le cinéaste belge Felix Van Groeningen a prouvé qu’il aimait disséquer les relations familiales, les notions de parentalité ou de fraternité, à l’aune de tragédies sourdes, de conflits identitaires ou existentiels. Un cinéma qui, sans avoir l’air d’y toucher, embrasse le mélo et n’a jamais peur du sentiment. MY BEAUTIFUL BOY, son premier film américain et en langue anglaise, s’inscrit directement dans cette lignée. Adapté des autobiographies du journaliste David Sheff et de son fils Nic (« Beautiful Boy » et « Tweak »), MY BEAUTIFUL BOY conte la relation heurtée des deux hommes alors que le second, jeune garçon voué à un brillant avenir, sombre au fil des ans dans l’addiction aux drogues les plus dures. En dépit du passage obligé des cartons informatifs sur les dangers des opiacées durant le générique de fin, MY BEAUTIFUL BOY évite soigneusement de tomber dans le ‘film-sujet’. Le récit s’intéresse évidemment aux addictions de Nic, aux effets des drogues sur son existence et celle de son entourage, aux traitements et au caractère extrêmement erratique du sevrage – une idée illustrée dès les premières secondes par un effet sonore de ressac sur un écran noir. Mais tout ceci apparaît davantage comme un contexte que comme un sujet. Tout comme il se servait dans LA MERDITUDE… et ALABAMA MONROE du déterminisme et de la mort pour disséquer les rapports de force et d’amour entre les êtres, Van Groeningen use de la drogue comme moyen d’éprouver la relation complexe, gorgée d’amour, de trahisons, de dépit ou encore de résilience, qui unit David et Nic. Une relation idéalisée qui peu à peu, prend fin à l’écran. Donnera- t-elle naissance à autre chose ? Bien que lorgnant vers le mélo lacrymal, MY BEAUTIFUL BOY parvient à rester délicat, voire pudique, car il opte pour une narration impressionniste, déjà éprouvée par le passé par Van Groeningen et son monteur Nico Leunen. Les flash-back et flash-forward s’enchaînent en un ballet brouillant les temporalités. Ces existences en fragments, mises en pièces par l’addiction de Nic, prennent littéralement chair dans ce mécanisme. Un éclatement qui laisse également aux personnages l’opportunité d’exister au-delà de toute intrigue, de toute nécessité d’efficacité narrative et émotionnelle. Là, l’interprétation silencieusement révoltée de Steve Carell se révèle fondamentale à l’engagement du spectateur. On regrette alors d’autant plus que MY BEAUTIFUL BOY perde de cette puissance évocatrice dans son dernier tiers, plus linéaire et plus littéral.

De Felix Van Groeningen. Avec Timothée Chalamet, Steve Carell, Maura Tierney. États-Unis. 2h01. Sortie le 6 février

3Etoiles

 

 

 

 

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