DRAGONS 3 – LE MONDE CACHÉ : chronique

05-02-2019 - 12:25 - Par

DRAGONS 3 - LE MONDE CACHÉ : chronique

Les Vikings tentent d’échapper à un terrible chasseur de dragons au service de cruels seigneurs de guerre. DRAGONS 3 propose une expérience de cinéma riche en spectacle et en émotions dévastatrices. Un classique instantané.

 

Certains films sont plus grands que la somme de leurs qualités. Ils s’imposent avec une puissance inexplicable, sur laquelle il est parfois difficile d’appliquer des mots. Non pas que les superlatifs manquent, mais ils apparaissent bien fades, presque muets. Certains films, peut-être encore plus rares, sont également plus grands que leurs défauts. Dans le cas de DRAGONS 3, une durée de 94 minutes, trop serrée pour l’ampleur de son récit et de ses intentions. Pourtant, en dépit de la légère frustration de voir DRAGONS 3 filer comme le vent, l’expérience que propose Dean DeBlois emporte tout sur son passage. Peut-être y a-t-il même, dans cette façon qu’a le film de ne jamais prendre le temps de la pause ou de la respiration, une illustration littérale de l’état dans lequel le spectateur se trouve face à la dernière aventure programmée de Harold et Krokmou.

Car, dans DRAGONS 3, tout est au service de l’émotion, maître-mot de l’expérience partagée entre le public, les personnages et les artistes qui leur donnent vie. Cinq ans après le déjà sublime DRAGONS 2, LE MONDE CACHÉ affiche des textures d’une richesse et d’un réalisme incroyables, des lumières toujours plus naturalistes. Portée par de nouveaux outils de rendu, l’équipe conçoit un spectacle dense, riche en aventures, souvent virtuose, aux compositions redoutablement pensées. Où les scènes muettes musicales sont comme de coutume d’une splendeur rare – John Powell fait encore des merveilles à la musique. Où DeBlois iconise chaque image. Mais même si DRAGONS 3 repousse les limites, tout ceci n’est jamais la manifestation d’une course stérile. La technologie reste un outil au service d’un récit et d’émotions. Ainsi, par l’addition de détails (pour la première fois, les personnages humains ont du duvet et des pores, par exemple !), DeBlois et son équipe humanisent toujours un peu plus leurs héros. Comment croire que Harold et Krokmou, incarnés comme peu de personnages de chair et de sang parviennent à l’être, ne sont que pixels ? Comment ne pas se perdre dans leurs regards troublants de profondeur ? 

Dès leur première apparition – incroyable plan, à tout niveau : mise en scène, imagerie, lumière, etc –, ils emportent le spectateur à leurs côtés, comme des frères qu’on retrouve. Puis passent le relais à l’écriture de Dean DeBlois. En usant d’une intrigue en ligne claire et de nombreux échos visuels à DRAGONS, il construit une dramaturgie qui dégage une bouleversante impression d’inéluctabilité. Scène après scène, elle écrase le spectateur et chaque image, même la plus simple, se gorge alors de sens et de sentiments. Sans doute parce que Dean DeBlois ayant toujours insufflé énormément de lui-même dans la saga DRAGONS, il a permis à chaque spectateur de faire de même. Alors on se projette, on construit des passerelles entre Berk et notre monde ou notre vie, on s’identifie, bringuebalés par un film qui ne cherche pas l’émotion facile mais, au contraire, la vérité la plus sincère entre ses personnages et en chacun de nous. 

La saga DRAGONS a représenté dix ans de la vie de Dean DeBlois et de son équipe. Parce qu’ils ont décidé d’y mettre fin avant de l’user, parce que DRAGONS 3 est une conclusion, le spectateur se retrouve face à la plus essentielle des leçons : rien ne dure éternellement. Pourtant, comme le figurent deux sublimes flash-back célébrant la force du souvenir, rien ne meurt jamais vraiment non plus. Alors même si DRAGONS prend fin, la trilogie ne s’éteint pas : par la richesse de ses thématiques, par la puissance de son imagerie et de sa dramaturgie, par l’intensité dévastatrice de ses émotions, elle prétend déjà aux plus hauts rangs des classiques de l’animation. De ceux qu’on reverra encore et encore, parce qu’ils sont plus grands que la somme de leurs qualités et de leurs défauts. De grands films, tout simplement, qui observent avec autant de tristesse que d’espoir ces liens d’amour qui nous rendent humains.

De Dean DeBlois. Avec les voix originales de Jay Baruchel, America Ferrera, F. Murray Abraham, Cate Blanchett, Jonah Hill… États-Unis. 1h34. Sortie le 6 février

5EtoilesRouges

 

 

 

 

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