ALEX, LE DESTIN D’UN ROI : chronique

09-04-2019 - 15:50 - Par

ALEX, LE DESTIN D’UN ROI : chronique

Moins marquant qu’ATTACK THE BLOCK mais tout aussi original, sincère et touchant, ALEX, LE DESTIN D’UN ROI est un film d’aventures au charme fou.

 

« Je ne suis plus d’humeur pour la magie », lance le jeune Alex dans LE DESTIN D’UN ROI. Typique d’un cinéma désormais trop souvent friand d’histoires sombres et réalistes ? Au contraire. Car si son héros ne l’est pas, Joe Cornish reste tout à fait d’humeur pour la magie : avec son deuxième long-métrage, le réalisateur d’ATTACK THE BLOCK entend en effet ressusciter le film d’aventures pour enfants, avec des enfants, et offrir aux pré-ados de 2019 un équivalent des spectacles qui ont modelé son amour du cinéma – de L’ÉTALON NOIR aux GOONIES en passant par E.T. Une intention qui n’a rien de rétro : ALEX ne cherche pas à reproduire le style Amblin ou à plaire aux quadras régressifs – même si le film, par sa qualité, les mettra sans doute dans sa poche. Bien dans son époque, parlant à des gamins d’aujourd’hui – plaçant Harry Potter et Luke Skywalker sur un pied d’égalité –, ALEX, LE DESTIN D’UN ROI organise la collision entre le mythe arthurien et l’Angleterre actuelle. Alex, 12 ans, a grandi sans père et vit seul avec sa mère. Un soir, il découvre une épée sur un chantier et la tire du béton. Il va devoir sauver le Royaume Uni du retour de la terrible Morgana et sera aidé dans sa tâche par son meilleur ami et ses deux bullies. Imaginé au début des années 80 par Joe Cornish lorsqu’il n’avait que 12 ans, ALEX, LE DESTIN D’UN ROI semble pourtant arriver à point nommé : ici, « les divisions s’accroissent à un rythme alarmant », le Royaume-Uni, déchiré, « n’a plus de leader » et Cornish use d’une imagerie apocalyptique tirant sa force symbolique dans des renvois aux pires heures du XXe siècle. Cet arrière-plan politique ancre ALEX dans des enjeux très actuels, signe fort du respect qu’a le cinéaste pour son jeune public, à qui il offre ainsi des clés pour analyser le monde qui l’entoure. En avant-plan, le spectacle est quasi total : en dépit d’un rythme en dents de scie dans le premier acte, ALEX amuse avec son humour joliment idiot et ses personnages en décalage (Mertin/Merlin, campé par l’excellent Angus Imrie). Se servant autant du mono mythe campbellien qu’il réécrit la légende arthurienne sur un mode anti-déterministe – passerelle évidente avec ATTACK THE BLOCK –, Joe Cornish aligne les péripéties captivantes, les purs instants de magie et un storytelling visuel n’oubliant jamais la puissance de son imagerie – la lumière signée Bill Pope apparaît de plus en plus stylisée à mesure que les dangers grandissent. Une proposition originale et touchante, à la sincérité évidente, qui a tout pour devenir le film de chevet de vos mini-vous. (Et le vôtre, donc).

De Joe Cornish
. Avec Louis Serkis, Angus Imrie, Dean Chaumoo. Grande-Bretagne. 2h01. Sortie le 10 avril

4Etoiles

 

 

 

 

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