LE GANGSTER, LE FLIC ET L’ASSASSIN : chronique

13-08-2019 - 18:20 - Par

LE GANGSTER, LE FLIC ET L’ASSASSIN : chronique

La Corée ne produit pas que du cinéma politique et diaboliquement maîtrisé. Elle a son lot de bourrinades, aussi.

 

Le cinéma d’action policier sud-coréen est en grande forme. Aux flagrants exemples VETERAN de Ryoo Seung-wan en 2015 et MIDNIGHT RUNNERS de Kim Joo-hwan en 2017 vient s’ajouter LE GANGSTER, LE FLIC ET L’ASSASSIN de Lee Won-tae, avec son flic über-cool et tête brûlée à la Mel Gibson, plus malin que les autres, y compris son supérieur, une tête de con pas bien courageuse. Ce flic, c’est Tae-seok : il emmerde la mafia dès qu’il le peut avec un certain sens de la puérilité, et ce sera le premier à faire le lien entre plusieurs crimes, avançant la thèse d’un tueur en série. Scène d’ouverture : en pleine nuit, une voiture blanche prend en filature une berline noire et lui rentre dedans par l’arrière. Au moment du constat, un type agile et brutal, planqué sous la capuche de son K-way, trucide l’autre conducteur. Un mode opératoire bien rodé. Plus tard, le même tueur choisira plutôt mal sa victime : le chef de gang Jang Dong-su (Ma Dong-seok). Ce dernier saura suffisamment jouer des poings pour faire fuir son assaillant. Humilié par cette agression et conscient d’être passé près de la mort, il consent à mettre au service de Tae-seok son contingent d’hommes de main et ses ressources financières. En échange, le policier partagera toutes les connaissances techniques et les avancées de l’enquête avec lui. Le premier qui l’attrapera en fera ce qu’il voudra. En résumé, le film choisira-t-il la voie de la justice ou de la vengeance? LE GANGSTER, LE FLIC ET L’ASSASSIN, actioner en lutte permanente avec la question morale – de la manière la plus ludique à la plus expéditive, et donc sans point de vue politique réel – carbure à l’énergie du montage cut et aux affrontements chorégraphiés au millimètre. Mise en scène maîtrisée et caméra un peu trop agitée par moments (c’est rare mais ça peut nuire à la lisibilité et à la viscéralité), le film bourrine généreusement au pire, se montre plutôt pervers et cruel au mieux. Les moments-clés de buddy movie (pas assez nombreux à notre goût) entre le flic et le gangster fonctionnent à plein. Entre l’air taquin de Kim Moo-yeol qui balance du « ducon » en continu et la moue agacée de Ma Dong-seok doublée d’un capital sympathie qui crève le plafond, on est dans du cinéma de pur plaisir, gouailleur (le film peut se résumer à des brutes qui s’invectivent et se tapent dessus pendant deux heures), et rudement maîtrisé. Avec ça, le film de serial killer passe parfois au second plan même si Kim Seong-gyu (acteur vu notamment dans la série KINGDOM) fait un travail admirable dans la peau d’un désaxé sanguinaire. Des défauts minimes et un plaisir fou. 

De Lee Won-tae. Avec Ma Dong-seok, Kim Sung-kyu, Kim Moo-yul Corée du Sud. 1h47. Sortie le 14 août

3Etoiles

 

 

 

 

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