MUSIC OF MY LIFE : chronique

10-09-2019 - 12:51 - Par

MUSIC OF MY LIFE : chronique

Dans les années 80, un jeune Anglais d’origine pakistanaise découvre Bruce Springsteen. Derrière un récit prévisible, un propos touchant et gracieux.

 

De JOUE-LA COMME BECKHAM à COUP DE FOUDRE À BOLLYWOOD, les protagonistes de la cinéaste Gurinder Chadha bousculent les codes et les règles, les déterminismes de tout poil, les petites catégories étriquées qui définissent nos existences. MUSIC OF MY LIFE réaffirme ce credo en contant la vie de Javed, adolescent d’origine pakistanaise vivant dans une petite bourgade anglaise. Son rêve ? Écrire. Mais dans sa famille, « personne n’a le droit d’avoir une opinion à part [son] père ». Alors Javed travaille à l’usine, bosse bien à l’école et désespère de s’accomplir. Un jour, un camarade de bahut lui prête des cassettes de Bruce Springsteen. Nous sommes en 1987 et Javed découvre que les chansons du Boss, tout Américain qu’il soit, semblent avoir été écrites pour décrire ses sentiments… MUSIC OF MY LIFE ne surprend jamais pour son récit, suite plus ou moins efficace de passages obligés. Reprenant à son compte des décennies de récits initia- tiques et lorgnant, tout comme JOUE-LA COMME BECKHAM, vers l’un des modèles contemporains les plus évidents, BILLY ELLIOTT, MUSIC OF MY LIFE se révèle des plus prévisibles dans sa narration – qu’il s’agisse des obstacles ou de la manière dont Javed les surmonte. Pourtant, MUSIC OF MY LIFE s’avère globalement une réussite assez charmante : même avec sa recette rebattue il parvient, dans son dernier acte, à susciter une franche émotion. Sans doute parce que, au-delà de ce récit cousu de fil blanc, Gurinder Chadha soigne tout ce qui constitue son univers, et particulièrement les sous-couches de son film. Par une foule de détails – visuels ou narratifs, des dialogues plus ou moins surlignés, quelques rebondissements –, elle enrichit le portrait qu’elle dresse de la famille de Javed et de la société qui l’entoure, mêlant habilement socio-réalisme et fantaisie. Avec son acuité habituelle, elle rappelle le poids des traditions, filme le racisme ordinaire ou celui, encore plus frontal, des agressions skinheads. En observant les années 80 de Reagan et Thatcher, elle renvoie en creux aux années 2010 de Trump et du Brexit, décrivant ces cycles incessants de haine qui, régulièrement, viennent hanter nos démocraties. Le tout nourri par la puissance des chansons de Bruce Springsteen, musique d’une lutte permanente pour la liberté et la dignité, symbole de l’importance de l’Art dans tout combat social, politique, moral, et que Chada, dans une remarquable séquence de tempête sur « Dancing In The Dark » ou un euphorisant numéro musical sur « Born To Run », met en scène avec passion et décontraction pop.

De Gurinder Chadha. Avec Viveik Kalra, Aaron Phagura, Hayley Atwell. Royaume Uni. 1h58. Sortie le 11 septembre

3Etoiles

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.