RETOUR À ZOMBIELAND : chronique

30-10-2019 - 09:20 - Par

RETOUR À ZOMBIELAND : chronique

Une suite que personne n’avait vraiment demandée et qui s’impose pourtant par son énorme capital sympathie.

 

La voix off, si caractéristique, de Jesse Eisenberg nous interpelle : parmi la pléthore de propositions zombies, il nous remercie d’avoir choisi la suite de ZOMBIELAND. Depuis la sortie du premier film en 2009, pourtant, le genre s’est diablement épuisé : WORLD WAR Z 2 a été enterré avec le désistement de David Fincher, les saisons de THE WALKING DEAD se suivent sans plus personne pour les suivre – le comic a cessé de paraître –, son spin-off n’ameute pas les foules, on commence à faire le deuil d’un éventuel 28 MOIS PLUS TARD et on a préféré ne pas dire tout le mal qu’on pensait de la comédie LITTLE MONSTERS, avec Lupita Nyong’o, qui sort ce mois-ci. À l’époque, si vous nous aviez demandé si ZOMBIELAND, 23 millions de dollars de budget, 100 millions de recettes, avait un potentiel de franchise, nous vous aurions répondu « sans façon », certains films se tenant parfaitement par eux-mêmes. L’appât du gain à Hollywood a parfois du bon : ce RETOUR À ZOMBIELAND nous cueille par sa modestie. La formule n’a pas changé : la bonhomie, l’humour un peu débile, la violence cartoon, le post-modernisme en font un petit objet pop engageant, complice du spectateur sans jamais l’abrutir de clins d’œil. Ce n’est pas vraiment bien écrit – les pistes inexplorées sont nombreuses et le scénario n’est souvent qu’un prétexte à des moments de comédie et de violence gratuits. Pire, avec ses incrustations écrites à l’écran (les fameuses règles que se fixe Columbus s’affichent dès qu’il les énonce), le film est parfois carrément ringard – alors que le chef opérateur Chung Chung-hoon fait par ailleurs quelques merveilles esthétiques. Mais le récit a le mérite d’entraîner le spectateur dans un tourbillon jovial, un gros barnum entièrement dédié à Woody Harrelson et à l’amour que lui et le public se vouent réciproquement depuis des années. « Thank god for rednecks », beugle-t-il au nez de hippies qui ont décidé de combattre les morts vivants avec des reprises de Dylan. Un seul sourire, un seul bougonnement enterré sous l’accent péquenaud, un seul réflexe hétéro-beauf de sa part, et on se gondole comme des crétins. Autre atout fatal, Zoey Deutch, digne fille de Lea Thompson (la mère de Marty McFly !), dans la peau d’une bimbo rose bonbon, experte de la réplique vide de sens et de l’humour visuel. De bons personnages qui s’envoient des piques parfaitement opportuns font-ils une bonne comédie ? Ça aide, mais ça ne suffit pas. RETOUR À ZOMBIELAND n’a pas grande ambition ; toute profondeur sera toujours désamorcée par un bon mot. Ça manque beaucoup de sérieux mais c’est ce qui fait son charme.

De Ruben Fleischer. Avec Woody Harrelson, Emma Stone, Jesse Eisenberg. États-Unis. 1h37. Sortie le 30 octobre

3Etoiles

 

 

 

 

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