PLAY : chronique

31-12-2019 - 18:53 - Par

PLAY : chronique

Un récit d’apprentissage, qui passe du teen movie au drame familial avec une aisance admirable. Une vraie bonne comédie générationnelle.

 

Vingt-cinq ans de la vie de Max, racontée par les nombreux enregistrements mis en boîte depuis qu’on lui a offert son premier caméscope. Du milieu des années 90 à aujourd’hui, un voyage à travers les époques musicales, les films qui ont frappé cette génération, le look-coco ! Le found footage d’une existence, jalonné d’amitiés indéfectibles et d’un crush pour Emma qui ne s’éteint jamais. Sans éviter l’écueil inhérent au genre (pas sûr que tout ce qu’on voit à l’écran ait pu être filmé en vrai), PLAY se débrouille pourtant bien pour justifier l’existence de ses propres rush. Max, et c’est pratique, prévoit depuis le début que ce qu’il filme sera le testament de sa vie, du cinéma-vérité qui le racontera à d’autres, lui la star ratée, l’intermittent attendrissant. Grand succès de PLAY ? Un art de l’ellipse inouï, de la pudeur aussi, une foi indéfectible dans la faculté du public à déduire, remplir les blancs, et redessiner le grand tableau de la vie de Max, malgré une synthèse en deux heures. À la fin, on connaît mieux Max qu’il ne se connaît lui-même parce qu’en fait, Max, c’est un peu moi, un peu vous, si tant est que vous soyez de la génération visée (trentenaire bien tassé, bientôt quadra). C’est peut-être la limite du film : avoir une cible bien particulière et exclure les autres. PLAY joue sur la nostalgie : ceux qui ont découvert LA HAINE, ROMEO + JULIETTE et FIGHT CLUB, ados, au cinéma et qui ont pris LA CITÉ DE LA PEUR en pleine poire, capables de réciter la comédie des Nuls par cœur. Ceux qui n’ont jamais pu échapper au « Sunday Shining » de Finley Quaye, au « Virtual Insanity » de Jamiroquai, au revival de « Where is my Mind » des Pixies, au « Ironic » d’Alanis Morrissette, ou à la soudaine déferlante des reprises nulles de « Wonderwall » ad nauseam à la Fête de la musique. Ceux qui veulent montrer TERMINATOR 2 à leurs enfants avant même CENDRILLON. Si vous êtes de la génération visée, PLAY est un câlin de cinéma, sentimental à souhait, ultra-référencé, comme une soirée entre potes où l’on se remémore les moments les plus intenses et fulgurants de sa vie, même les plus tristes. Pour les autres, PLAY a une autre vertu : celle d’être le found footage de la France, de passer en revue, en parallèle de sa dimension connivente, 25 ans d’évolution culturelle et politique, avec en parangon de son Histoire, la victoire des Bleus en 1998. Les changements de grain et de formats de l’image serviront, eux, de témoignage technologique. PLAY réussit parfaitement le mariage du fond et de la forme, pour un coming of age qui redonne du prestige à la comédie française.

D’Anthony Marciano. Avec Max Boublil, Alice Isaaz, Malik Zidi. France. 1h48. Sortie le 1er janvier

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