RISING PHOENIX / COMME DES PHÉNIX : chronique

26-08-2020 - 10:09 - Par

RISING PHOENIX / COMME DES PHÉNIX : chronique

L’histoire et l’esprit des Jeux Paralympiques à travers les parcours de sept athlètes. Un documentaire où propos, mise en scène et émotions sont intimement liés.

 

Dans leur précédent documentaire, MCQUEEN, Ian Bonhôte et Peter Ettedgui retraçaient le parcours triomphal, puis finalement tragique, du créateur de mode Alexander McQueen. Dans RISING PHOENIX, triomphe et tragédie suivent un chemin inverse : « Nous avons tous vécu des drames. C’est notre force » dit ainsi en voix off le Français Jean-Baptiste Alaize, rescapé de la guerre civile au Burundi. Cette résilience que chacun des athlètes conte, ces douleurs physiques, psychologiques et morales qui ont accompagné leur handicap – qu’il soit de naissance ou la conséquence d’une maladie ou d’une guerre – puis cette lutte pour les surmonter et affirmer autant leur identité que leur singularité, mène RISING PHOENIX vers une communion totale entre le spectateur et le sujet. Sans doute parce que RISING PHOENIX brille par sa capacité à raconter ce sujet, par l’image, la narration et la musique. Les réalisateurs, dès lors qu’ils présentent chaque athlète, filment tout d’abord longuement les visages, avant d’élargir plus tard le cadre : ici, la personne passe avant le handicap. Si bien que RISING PHOENIX finit par ne pas être tant un récit sur le handicap que sur les échecs patents des sociétés en la matière, incapables d’assurer à chacun de pouvoir atteindre son potentiel, et in fine, sur la puissance de ces femmes et de ces hommes qui surmontent les obstacles mis sur leur chemin. Un propos constamment servi par la mise en scène : les décors des interviews caractérisent les athlètes, tout comme diverses séquences de pure iconisation – à l’instar du ballet subaquatique d’Ellie Cole, championne australienne de natation. Un propos servi également par la mécanique de narration qui met en parallèle aux parcours des athlètes l’histoire des Jeux Paralympiques (avec une épiphanie sur le sens du terme) et du combat du neurologue Sir Ludwig Guttmann. Enfin, la musique de Daniel Pemberton, aux accents super-héroïques nobles et euphorisants, finit d’asseoir RISING PHOENIX comme une somme d’histoires toujours plus humaines, impressionnantes et bouleversantes – citons, en exemple, la relation entre le champion de murderball Ryley Batt et son grand-père. « Les corps sont tous différents aux Paralympiques, contrairement aux JO où tous les corps sont les mêmes », rappelle Ellie Cole. Ou comment renverser les regards et imposer de nouvelles évidences.

De Ian Bonhôte et Peter Ettedgui. Documentaire. Royaume Uni. 1h45. Le 26 août sur Netflix

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