GRAND FRÈRE : chronique

26-08-2020 - 10:04 - Par

GRAND FRÈRE : chronique

Un jeune réalisateur chinois nous dévoile son première long-métrage. Si loin si proche du BURNING de Lee Chang-dong.

 

La manière insidieuse avec laquelle le rapport de classes s’immisce dans les sentiments et le crime, dans le quotidien, incite irrémédiablement à comparer GRAND FRÈRE et BURNING. D’autant que Qingchang, la fille qui se rapproche de Gu Xi et Gu Liang, sœur et frère fusionnels, ne cesse d’évoquer son expérience à Seoul et offre au garçon une échappée romantique au-delà du jour-le-jour paysan et chaste qu’il partage avec sa sœur, dans ce village pauvre à la frontière entre la Chine et la Corée du Nord. Quand une marée noire prive Gu Liang d’exercer son métier de pêcheur, ses activités deviennent plus opaques au contact du père de Qingchang, gros bonnet du port. Gu Xi devient alors désespérément seule, comme le témoin extérieur d’une vie qui soudain galope. Elle, armée d’un magnétophone à cassettes (on est en 1999), enregistre des sons qui lui plaisent et qu’elle se repasse pour combler le silence. Le réalisateur Liang Ming (dont c’est ici le premier long-métrage) a écrit un beau personnage en perdition, elle qui se sent évincée de l’action, lovée dans une parka blanche qui la fait disparaître dans la neige. Le récit va parfois cahin-caha (une séquence de rêve superflue) et capitalise trop souvent sur une certaine évanescence mais l’intérêt du film réside tout de même dans ses non-dits et parfois même ses arrière-plans, cette action rejetée loin dans le cadre que Gu Xi observe, à distance.

De Liang Ming. Avec Chen Yongzhong, Xingchen Lu, Jiajia Wang. Chine. 1h44. Sortie le 26 août

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