ANTIGONE : chronique

01-09-2020 - 13:32 - Par

ANTIGONE : chronique

En reprenant la figure d’Antigone et son refus moral de l’autorité, Sophie Deraspe signe une tragédie furieusement contemporaine.

 

Fuyant la violence de son pays, Antigone est arrivée au Québec avec sa grand-mère, ses deux frères et sa sœur. Devenue une jeune femme brillante, flirtant avec le beau Hémon, entourée par sa famille aimante et unie, elle a une belle vie devant elle. Malheureusement, suite à une intervention policière, un de ses frères meurt et l’autre est arrêté. Pour elle, instinctivement, le temps de la résistance est venu… Pour son quatrième long-métrage, la réalisatrice québécoise Sophie Deraspe s’approprie la figure tragique d’Antigone, mythifiée par Sophocle puis revisitée par Anouilh au XXe siècle, et signe une œuvre d’une grande contemporanéité. La bavure policière en guise d’élément déclencheur de la tragédie, les réseaux sociaux résonnant tels des chœurs, le rejet de l’autre dans une société se contractant face à l’immigration, la déportation comme condamnation suprême… Son Antigone n’aurait pu vivre et souffrir à une autre époque que la nôtre. Comme chez ses illustres aînées, elle n’est jamais une victime mais une héroïne dont la douceur et la détermination rendent le sacrifice plus déchirant encore. La mise en scène cherche à capter la moindre vibration émotionnelle sans jamais s’y complaire. Un petit miracle qu’elle doit aussi à son hallucinante actrice principale, Nahéma Ricci, laquelle parvient à faire co-exister révolte nécessaire et bienveillance profonde. Deux sentiments qui subsistent une fois les lumières rallumées.

De Sophie Deraspe. Avec Nahéma Ricci, Antoine Desrochers, Paul Doucet. Canada. 1h49. Sortie le 2 septembre

4Etoiles

 

 

 

 

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