POISSONSEXE : chronique

01-09-2020 - 13:31 - Par

POISSONSEXE : chronique

Avec sa fable écologiste et existentialiste, Olivier Babinet livre un film d’anticipation lo-fi tendre et réflexif.

 

Après des débuts remarqués grâce à l’étonnant ROBERT MITCHUM EST MORT et le dynamique SWAGGER, Olivier Babinet retrouve le ton comico-mélancolique de son premier film avec POISSONSEXE. Dans un futur proche, très proche, Miranda est la dernière baleine errant, perdue, dans un océan dépeuplé de poissons. Les seuls qui restent refusant de s’accoupler. Daniel, physicien obstiné et célibataire, tente de leur redonner envie de copuler. Il est lui-même hanté par le désir d’être père. Mais à Bellerose où il vit, le choix de partenaires potentielles est très limité et Daniel est particulièrement timide. C’est alors qu’il tombe sur un drôle de poisson, un axolotl, aux pouvoirs étranges. Porté merveilleusement par un toujours bouleversant Gustave Kervern et le doux décalage d’India Hair, POISSONSEXE intrigue par son récit simple agrémenté de fulgurances visuelles, qu’elles soient comiques ou poétiques. Malgré une nonchalance apparente parfois hasardeuse, le film parvient avec intelligence à capter un trait essentiel de la nature humaine : ce désir inhérent à l’Homme de vouloir combler le vide, qu’il soit intérieur, entre les personnes ou dans la nature. La peur du néant comme moteur de l’existence mais qui n’arrive qu’à retardement, au moment où la catastrophe a déjà eu lieu. Heureusement pour nous, si le fameux poisson magique s’appelle Nietzsche, le film n’a rien de nihiliste et s’avère darwiniste : rien n’est définitif, tout peut évoluer.

D’Olivier Babinet. Avec Gustave Kervern, India Hair, Ellen Dorrit Petersen. France / Belgique. 1h34. Sortie le 2 septembre

3Etoiles

 

 

 

 

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