ÉNORME : chronique

01-09-2020 - 13:35 - Par

ÉNORME : chronique

Dans une farce étrange, à la fois burlesque et dérangeante, Sophie Letourneur bouscule les genres. Au centre, Marina Foïs et Jonathan Cohen, stupéfiants.

 

ÉNORME ne plaira pas à tout le monde. Et c’est peut-être une qualité. Prenant le parti risqué du réalisme fou, Sophie Letourneur tisse une comédie sur la maternité et le couple où le scabreux et le burlesque ne font qu’un. Claire et Frédéric forment un couple bizarre. Elle, pianiste célèbre, se laisse diriger par son amoureux / agent / manager / homme-à- tout-faire dans une sorte de laisser-aller étrange. Lui, rêve de lui faire un enfant à tout prix. À partir de là, le film va tordre le cou à la bienséance, au bon goût pour nous entraîner vers une comédie affreuse, effrayante sur l’obsession de l’enfant et « l’objetisation » du corps féminin en déplaçant constamment les codes, les représentations attendues et même les réactions des personnages. Comme si Bergman rencontrait Tex Avery, cette crise de la vie conjugale doit beaucoup au génie de ses deux interprètes, Marina Foïs et Jonathan Cohen. Inquiétant de justesse dans la démesure de ses personnages, que ce soit dans l’apathie malsaine pour elle ou le surinvestissement dingo pour lui, le duo sidère et donne à chaque scène un élan surprenant, souvent hilarant. Radical et passionnant dans ce qu’il ose, le film nous perd, hélas, peut-être un peu sur ce qu’il a vraiment à nous dire, à trop brouiller les pistes entre fable et réalisme, notamment sur sa fin. Reste le plaisir jubilatoire de voir un film qui ne ressemble à aucun autre.

De Sophie Letourneur. Avec Marina Foïs, Jonathan Cohen. France. 1h41. Sortie le 2 septembre

4Etoiles

 

 

 

 

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