ENOLA HOLMES : chronique

09-09-2020 - 09:44 - Par

ENOLA HOLMES : chronique

Au-delà de sa cible jeunesse, qui sera comblée, ENOLA HOLMES pourrait convaincre tous les publics avec son esprit ludique et charmeur.

 

Malin : pour se prémunir des critiques qui verraient toute ambition politique ou tout commentaire social comme de la « bien- pensance », le scénariste Jack Thorne a situé l’intrigue d’ENOLA HOLMES au moment crucial où la chambre des Lords pourrait bien décider du vote pour tous en Angleterre. De là, le film tisse une toile engagée, rappelant les vertus de la démocratie, du combat des femmes et le pouvoir de nuisance de la vieille garde réactionnaire. Adapté d’une série de romans consacrée à la sœur de Sherlock Holmes, cet ENOLA HOLMES présente aux spectateurs leur nouvelle héroïne, une jeune adolescente éduquée, débrouillarde et maline en diable, l’équivalent plein de sève et d’espoir du résident de Baker Street. Lorsque sa mère disparaît, Enola voit Sherlock et Mycroft débarquer après des années d’absence. La rancune n’a pas entamé l’admiration qu’elle voue pour le détective privé – dont elle se verrait bien suivre les traces – mais elle a nourri un ressentiment tenace pour l’aîné, petit politicard misogyne, obsédé par la bienséance et l’éducation. Malheureusement, c’est bien lui son tuteur et il a décidé de faire d’Enola une « jeune fille bien » – disons « bonne à marier ». Sauf qu’Enola a grandi avec une maman célibataire et libre, au temps où la société ne valorise que les épouses dévouées et les mères au foyer. Très peu pour la jeune fille qui aime la castagne autant que la réflexion. Ça ne l’empêchera pas de tomber raide dingue du comte de Tewkesbury, jeune aristocrate en cavale et poursuivi par un homme de main. Voilà Enola parée à résoudre la disparition de sa mère et à sauver son amoureux d’un sort funeste. Attention : le petit duo que forment Louis Partridge et Millie Bobby Brown est l’élégance incarnée. La comédienne, qui a pu exaspérer par le passé par ses attitudes d’enfant prodige, trouve ici le rôle parfait, alliant son évidente maturité et la fragilité de son âge, et nous réconcilie avec son talent hors norme. D’autant que Harry Bradbeer, réalisateur stakhanoviste de télé ayant notamment opéré sur de nombreux épisodes de FLEABAG, filme Millie Bobby Brown comme Phoebe Waller-Bridge : brisant le quatrième mur et prenant le spectateur pour témoin de ses pensées espiègles. Ainsi la jeune actrice est-elle iconisée héroïne d’aujourd’hui, malgré le gros barnum d’époque requis par l’histoire. Jamais ENOLA HOLMES n’est-il poussiéreux ou rébarbatif. Tout y est ludique, facétieux – quoique le récit est fait de moments bien plus mélancoliques et bien plus sombres –, frétillant. Le message est clair : le monde appartient aux jeunes qui ont un peu de jugeotte. Un petit plaisir de cinéma.

De Harry Bradbeer. Avec Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin. États-Unis. 2h03. Sur Netflix le 23 septembre

4Etoiles

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.