JOSEP : chronique

29-09-2020 - 10:36 - Par

JOSEP : chronique

Racontant la vie de l’artiste Josep Bartoli, le film d’autel nous plonge en plein coeur de la Retirada, une honte bien française.

 

Derrière le pseudo Aurel, il faut reconnaître le dessinateur de presse Aurélien Froment que l’on croise au Monde ou dans Le Canard Enchaîné. Avec son premier long-métrage, l’artiste ne choisit pas réellement de faire de l’animation mais plutôt de mettre en scène un film dessiné, montrant subtilement la force du coup de crayon, sa vivacité mais aussi sa capacité à marquer les esprits. Ainsi l’image est-elle souvent statique ou peu mouvante. Un procédé qui s’accorde à merveille avec celui de la narration basée sur le souvenir, parfois confus, d’une vieille personne. À savoir Serge qui raconte son passé à son petit-fils Valentin, coincé avec lui. Un passé qui le renvoie en 1939 où il était alors jeune gendarme au moment de la Retirada, l’exode douloureux en France des Espagnols antifranquistes. Amassés dans des camps, dans des conditions abominables, ils étaient maltraités par des Français haineux et devaient survivre aux maladies, viols, agressions et rixes intrinsèques entre communistes, trotskistes et anarchistes. Parmi eux, Josep Bartoli, dessinateur de génie. À travers les mots et les images de Serge, JOSEP raconte le parcours heurté de celui qui partit de Barcelone pour finir à New York en passant par Mexico et les bras de Frida Kahlo. Mais surtout, le scénario de Jean-Louis Milesi démontre, s’il le fallait encore, à quel point la haine n’a pas besoin de causes pour exister, juste de faire de son prochain un Autre.

D’Aurel. Avec les voix de Sergi López, Gérard Hernandez, Bruno Solo. France / Espagne. 1h20. Sortie le 30 septembre

4Etoiles

 

 

 

 

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