THE BOYS IN THE BAND : chronique

29-09-2020 - 11:03 - Par

THE BOYS IN THE BAND : chronique

Une nouvelle adaptation de la pièce culte de Mart Crowley. Un demi-siècle d’âge et pas une ride.

 

En 1970, William Friedkin adaptait « The Boys in the Band », une pièce montée off-Broadway quelques mois auparavant, devenue un symbole de la lutte pour le droit des homosexuels aux États-Unis. LES GARÇONS DE LA BANDE est l’un des Friedkin les plus humbles mais aussi l’un des plus spectaculaires. Il explosait de l’énergie, de la brutalité, du cinéma de l’époque. Cinquante ans plus tard, en guise d’anniversaire, une nouvelle pièce a été montée à Broadway ainsi qu’une nouvelle adaptation. Les deux sont produites par Ryan Murphy et mises en scène par Joe Mantello. Aujourd’hui, entre les planches et le plateau de cinéma, le dispositif scénique diffère radicalement. En film, l’espace est plus fidèle à la pièce originale, géographiée de manière précise. Si bien que THE BOYS IN THE BAND peut avoir des airs de remake du Friedkin, lui aussi fidèle aux écrits de Mart Crowley. Pour autant, le film de Mantello possède sa personnalité. D’abord effusive, flamboyante, puis sombrant dans une ultra-moderne mélancolie. Parce que l’époque permet de montrer l’homosexualité avec plus de tendresse, plus d’intimité, l’humanité de ces personnages n’en est que décuplée et leur peine, leur détresse, est d’autant plus palpable. Michael (Jim Parsons, qui ne volerait pas une nomination aux Oscars) organise dans son duplex new-yorkais l’anniversaire de Harold (Zachary Quinto), un ami de longue date avec qui il entretient pourtant une relation explosive. Il réunit autour de lui Donald (Matt Bomer), le joli-cœur Larry (Andrew Rannells) et son compagnon plus âgé Hank (Tuc Watkins), Bernard (Michael Benjamin Washington) et le très provocateur Emory (Robin de Jesus) qui a embauché un cowboy pas très malin (Charlie Carver) pour divertir Harold pendant la soirée. L’atmosphère est détendue mais ils vont être interrompus par Alan (Brian Hutchinson). Michael soupçonne cet ancien ami d’université de refouler son homosexualité. La soirée va se corser quand Michael propose à chacun de ses convives un jeu diabolique : téléphoner à la seule personne qu’ils n’aient jamais aimé. Le huis clos de BOYS IN THE BAND est une réussite totale : Joe Mantello, grand homme de théâtre, chorégraphie son psychodrame avec force symbolisme, une mise en scène implacable de la claustrophobie et un goût du gros plan fort qui sert parfaitement le propos. Dans les flashbacks (créés pour l’occasion), il vole à ses personnages désespérés des moments de poésie intense et émouvants, préambule de leur place douloureuse dans une société intolérante. Les neuf acteurs ravalent beaucoup de larmes sous les répliques qui fusent. Le texte n’a pas vieilli, le film reste très fort.

De Joe Mantello. Avec Jim Parsons, Matt Bomer, Zachary Quinto, Charlie Carver. États-Unis. 2h01. Le 30 septembre sur Netflix

4Etoiles

 

 


 

 

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