RELIC : chronique

06-10-2020 - 15:19 - Par

RELIC : chronique

Une grand-mère, sa fille et sa petite-fille. Une maison isolée. Et le spectre indicible de la maladie. Natalie Erika James a toute notre attention.

 

Dès les premières secondes de RELIC, un son sourd s’installe et se fait de plus en plus lancinant, comme une lente respiration. À la manière de SHINING et de son battement de cœur incessant, RELIC se sert d’un son organique, naturel et universel, pour installer le malaise quasiment à l’insu du spectateur. Au fil du film, cette respiration ne cesse de revenir mais s’abîme inexorablement, vire vers le rauque pour finir en râle d’agonie. Tout, dans RELIC, est affaire de détérioration – sonore, donc, mais aussi visuelle, narrative, atmosphérique. C’est toute l’intelligence de la mise en scène de Natalie Erika James, cinéaste australienne dont il s’agit du premier long-métrage, qui en se saisissant d’une histoire personnelle (sa grand-mère était atteinte d’Alzheimer), construit avec patience un récit auquel il est difficile de ne pas s’identifier. Notre peur de la maladie et de la mort se voit réifiée à l’écran à travers la moisissure sur les murs, les bleus sur la peau, les tensions muettes qui s’accumulent, les silences qui deviennent cris d’épouvante. Avec sa fille Sam (Bella Heathcote), Kay (Emily Mortimer) se rend chez sa mère Edna (Robyn Nevin). Celle-ci, isolée, n’a pas donné signe de vie depuis quelques jours. Voilà plusieurs mois, elle avait inondé sa maison par inadvertance. Rapidement, Edna reparaît : elle est changée, troublée par des pertes de mémoire… Si RELIC saisit immédiatement le spectateur avec ses images fortes et son ambiance délétère, il pérennise son emprise par son écriture. Kay, Sam et Edna sont remarquablement croquées et interprétées, toutes trois mues par des sentiments nettement définis, conséquences d’un passé qui, lui, reste mystérieux. Il existe tout un monde autour de ces personnages et si Natalie Erika James ne le montre jamais et le verbalise encore moins, il est bien là : RELIC vit d’une richesse invisible mais palpable. On s’attache à ces trois femmes en souffrance, chacune à leur manière, alors que James convoque avec force la nature intrinsèquement effrayante de la vieillesse, pour la lier aux terreurs d’enfance. L’ambiance sonore écrase, le découpage, très précis, porte le récit vers l’inexorable. Et le spectateur se laisse submerger par l’étrangeté qui règne, puis par l’horreur (la body horror, même) bien plus frontale qui finit par exploser. Après une montée en tension étouffante, voire spectaculaire – on ne compte pas les plans marquants –, l’élégance de RELIC est de parvenir à ré-humaniser cette horreur lors d’une scène finale bouleversante jusqu’au splendide, où l’effroi laisse place à la résilience.

De Natalie Erika James. Avec Emily Mortimer, Bella Heathcote, Robyn Nevin. Australie. 1h29. Sortie le 7 octobre

4Etoiles

 

 

 

 

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