ADN : chronique

19-05-2021 - 09:14 - Par

ADN : chronique

Du concentré de Maïwenn, furieux et intime, sur le deuil, la famille et les racines. Étrangement attachant et remuant.

 

Chez Maïwenn, tout est toujours affaire de choc, de contraste, d’engueulades homériques et de retrouvailles déchirantes. Son cinéma refuse la mesure et c’est peut-être ce qui le rend aussi paradoxalement attachant. Après POLISSE et MON ROI, elle prolonge avec ADN son naturalisme névrosé où le monde n’existe qu’au travers des états d’âme tortueux des personnages. Ici, le quotidien d’une famille confronté au deuil d’un grand-père devient le catalyseur d’un burn out total, d’un monde qui s’effrite sous nos yeux jusqu’à la renaissance possible, loin de tout ça. Un programme chargé que la réalisatrice-actrice filme d’un seul élan dans un long-métrage nerveux, rapide, à la fois furieux et étrangement apaisé. Bien sûr, il y a des raccourcis ; bien sûr Maïwenn force parfois le trait (Fanny Ardant en mère Gorgone, une scène de cauchemar sur-signifiante), veut dire trop, trop vite (il y a presque trois films en un, ramassés en 1h30) mais cet excès est aussi une forme de sincérité qui désarme le cynisme et lui permet de filmer là où personne ne filme. Constamment, on est saisis par la durée des plans, par cette façon de ne pas détourner le regard et de regarder là où ça fait mal, là où ça gueule, là où ça pleure, là où ça vit. Il y a quelque chose dans cette façon impudique d’observer les sentiments, les gens pour ce qu’ils sont, parfois sublimes, souvent moyens, qui crée constamment du cinéma.

De Maïwenn. Avec Louis Garrel, Fanny Ardant, Marine Vacth. France. 1h30. Le 19 mai en salles

4Etoiles

 

 

 

 

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