FALLING : chronique

19-05-2021 - 09:22 - Par

FALLING : chronique

La vie, l’amour, la mort : pour sa première réalisation, Viggo Mortensen vise juste et forme avec Lance Henriksen un duo père-fils déchirant.

 

Viggo Mortensen restera sans doute dans l’Histoire comme acteur mais il ne s’est jamais limité au jeu : il s’est essayé à de nombreuses autres activités comme la poésie, la photographie ou l’édition… Il ne surprend donc personne quand il se lance avec FALLING dans l’écriture, la réalisation et la production de son premier long-métrage – il en compose aussi la musique. Si le film met en scène des personnages et un récit fictionnels, ceux-ci font écho à une blessure intime du néo-cinéaste – la mort de sa mère. De ses souvenirs et sentiments a émergé l’histoire de Willis (Lance Henriksen), octogénaire irascible, Républicain à tendance raciste et homophobe, dont la santé fragile devrait l’obliger à quitter sa ferme. Son fils John (Viggo Mortensen), Démocrate gay marié et père de famille, l’accueille chez lui en Californie pour tenter de le convaincre. Un choc des cultures et des générations qui mène père et fils à réexaminer leur passé commun. « Pardonne-moi de t’avoir mis au monde », chuchote le jeune Willis (Sverrir Gudnason) à son nourrisson à peine né. Les actes manqués ou volontaires, les erreurs ou les choix salvateurs, leurs conséquences, les obligatoires regrets qu’ils génèrent sont au centre de FALLING. Mortensen opte donc pour une structure en flashbacks plutôt classique, voire attendue, où le passé vient éclairer le présent. Reste que ces allers-retours constants entre les temporalités n’apparaissent jamais rigides ou vains, parce qu’ils créent du romanesque – des personnages lambda d’une époque contemporaine un peu fade deviennent les héros d’aventures issues des années 50 et 60, même si celles-ci sont douloureuses. Ils créent également du cinéma : tout à ses émotions, Viggo Mortensen soigne son montage, dont il fait un outil de narration subtile, notamment à travers de juxtapositions très réussies où le spectateur voit apparaître le fils dans le père. Ne jugeant à aucun moment Willis, préférant le diriger vers la voie bien plus intéressante et complexe de l’introspection et du lâcher prise, Mortensen tisse une toile humaine vibrante, clairement sentimentale, dont les résonances sociopolitiques (l’Amérique conservatrice contre l’Amérique progressiste) ne cannibalisent jamais les enjeux intimes. Sans doute parce qu’au centre de FALLING trône un duo d’acteurs à l’assurance incroyable : d’un côté Mortensen, qui touche par sa retenue, et de l’autre Lance Henriksen, dont l’intensité fielleuse heurte avant de bouleverser. Ensemble, ils dégagent une vérité telle que FALLING finit par s’imposer bien au-delà de son évidente humilité de départ. 

De Viggo Mortensen. Avec Lance Henriksen, Viggo Mortensen, Sverrir Gudnason. États-Unis. 1h52. Le 19 mai en salles

4Etoiles

 

 

 

 

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