LE DERNIER VOYAGE : chronique

19-05-2021 - 12:53 - Par

LE DERNIER VOYAGE : chronique

Romain Quirot se lance dans la science-fiction aux accents 80’s pour un premier long-métrage trop référencé mais ambitieux. 

 

Avant d’être un long-métrage, LE DERNIER VOYAGE était un court sorti en 2015. En une quinzaine de minutes, le réalisateur Romain Quirot y posait déjà les bases d’un univers SF inventif et au message écologique flagrant. On y rencontrait Paul W.R., seul astronaute capable de sauver la Terre menacée par une lune rouge dont l’homme a abusé des ressources. Cependant, à quelques jours de sa mission, et de la fin du monde, le pilote chevronné, capable d’entendre les pensées de ses congénères, n’est plus si sûr d’avoir envie de les sauver.

Dans cette version longue, Romain Quirot reprend peu ou prou cette idée sauf que Paul W.R. n’est plus télépathe, mais doute toujours autant de sa mission pour une raison que nous serons amenés à découvrir au fur et à mesure des 90 minutes que dure le film. Le risque avec ce type de procédé est souvent de se retrouver face à un court-métrage étiré qui dépasse rarement le concept original. LE DERNIER VOYAGE n’a pas ce problème. Au contraire, il foisonne. Voire un peu trop. En plus du message écolo à la naïveté (touchante) proche d’un « Petit Prince », le film s’embarque dans une histoire familiale balisée à coup de flashbacks en noir et blanc sur fond de rivalité entre frères et de mort de la mère. Il y a une appétence au(x) récit(s) qui confine à la gourmandise dans ce premier essai enthousiaste. Et ce trop-plein se traduit surtout au niveau des références qui encombrent l’histoire, l’image et le son. Entre hommage et repompage, LE DERNIER VOYAGE cite pêle-mêle la saga MAD MAX, INTERSTELLAR, MELANCHOLIA, LE CINQUIÈME ÉLÉMENT ou encore MINORITY REPORT. À n’en pas douter, ces univers inspirent Romain Quirot mais ils semblent aussi le paralyser. Et le « French washing », à base de Peugeot volantes et de tour Eiffel écrasée au sol, ne fait pas assez illusion pour que l’on puisse fermer les yeux.

Cependant, LE DERNIER VOYAGE est un premier essai passionnant. Visuellement, le film, que l’on soupçonne ne pas avoir le quart du budget d’un Christopher Nolan, tient plus que la route. Les effets spéciaux sont réussis, inventifs et utilisés à bon escient. Toujours cohérents avec le monde périapocalyptique dans lequel ils évoluent. C’est bête à dire mais LE DERNIER VOYAGE est beau à voir. Notamment grâce à un véritable travail d’étalonnage et un sens de la lumière qui augurent du meilleur pour le cinéaste. Un cinéaste qui s’avère également bon directeur d’acteurs. Si l’on en doutait encore, Hugo Becker prouve qu’il est bien prêt pour jouer les James Bond à la française ou… ce que vous voulez d’ailleurs, il peut tout faire. Tandis que Paul Hamy confirme, malgré un rôle plutôt ingrat, sa présence magnétique. Mais la vraie découverte du DERNIER VOYAGE reste Lya Oussadit-Lessert. Petite Alicia Vikander en puissance, elle incarne Elma, une adolescente débrouillarde à l’avenir condamné par la catastrophe imminente qui ne souhaite en rester là. Incarnation parfaite de la jeune génération actuelle, prête à demander des comptes aux précédentes et particulièrement active sur les questions écologiques. À elle seule, elle vient déjouer l’esthétique si 80’s du film pour l’ancrer définitivement dans son époque.

De Romain Quirot. Avec Hugo Becker, Paul Hamy, Lya Oussadit-Lessert. France. 1h27. Le 19 mai en salles

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