BALLOON : chronique

25-05-2021 - 16:37 - Par

BALLOON : chronique

Une mère de famille tibétaine fait face aux traditions et à la politique de l’enfant unique dictée par Pékin. Actuel et universel.

 

Les ramifications et l’emprise du patriarcat sont telles que BALLOON a beau se dérouler dans les années 80, dans les steppes tibétaines, au sein d’une famille d’éleveurs de brebis, le film de Pema Tseden parvient à toucher des cordes qui, vues d’Europe en 2020, apparaissent aussi universelles qu’actuelles. Bien sûr, les ressorts dramatiques qu’il utilise et les métaphores dont il se sert sont profondément ancrés dans la culture qu’il filme. Par exemple, il met en parallèle les critères, similaires, avec lesquels les hommes jugent leurs femmes et leurs brebis – leur fertilité, requise, et leur disponibilité à servir les mâles, totale, devant être leurs qualités premières. Pourtant, cette spécificité qui apparaîtra peut-être extrême, finit donc bel et bien par lier BALLOON et son contexte à des questionnements plus contemporains et globaux. « On n’est pas là que pour donner des enfants aux hommes », dit ainsi une médecin à Drolkar, jeune mère qui doit à la fois respecter la politique de l’enfant unique, « satisfaire » les désirs charnels de son mari, mais aussi affronter le poids des traditions – un bébé pouvant être la réincarnation d’un être cher. Tour à tour traitée de démone ou de traînée au point de vouloir devenir nonne, Drolkar, dans sa quête de contraception, incarne les combats féminins et féministes qui, un peu partout dans le monde, et de multiples façons, ont toujours cours.

De Pema Tseden. Avec Jinpa, Yangshik Tso, Sonam Wangmo. Chine. 1h43. En salles le 26 mai

3Etoiles

 

 

 

 

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