IL MIO CORPO : chronique

25-05-2021 - 16:39 - Par

IL MIO CORPO : chronique

En filmant les combats d’un ado sicilien et d’un migrant nigérian, Michele Pennetta floute les contours du film documentaire.

 

Dans un plan essentiel d’IL MIO CORPO un enfant fouille un dépôt d’ordures au pied d’une voie ferrée suspendue. On entend un train passer mais on ne le voit pas. En une image, Michele Pennetta figure l’existence de ses personnages : ni Oscar, jeune sicilien qui au quotidien aide son père à récupérer de la ferraille dans des décharges, ni Stanley, nigérian qui multiplie les petits boulots assignés par le diocèse, n’ont de réel espoir d’évasion. Quoi qu’ils rêvent, quoi qu’ils fassent, peu importe leurs efforts, le train partira toujours sans eux. La misère des migrants et celle des Siciliens se rejoignent. Cette réalité tragique, Pennetta la transmet en un Scope dont l’ampleur tranche radicalement avec cet horizon bouché, avec l’enfermement à ciel ouvert que sont les vies d’Oscar et de Stanley. Dans ces décors arides et stériles, parfois en ruines, de la Sicile, le cinéaste floute habilement les frontières entre fiction et réel. IL MIO CORPO est un documentaire : Oscar et Stanley existent, ce sont ici leurs vies, mais ils ne se seraient sans doute jamais rencontrés sans le film. Pennetta capte leur quotidien avec ce qui semble être un découpage de fiction, à multiples angles sur une même scène. Cette manière de romancer l’image, sans l’esthétiser à outrance, ni sans transformer malhonnêtement la réalité, crée un trouble permanent, mais à double tranchant, chez le spectateur. 

De Michele Pennetta. Documentaire. Italie. 1h20. En salles le 26 mai

3Etoiles

 

 

 

 

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