THE FATHER : chronique

25-05-2021 - 16:40 - Par

THE FATHER : chronique

THE FATHER s’émancipe des pièges des adaptations de pièces à succès et ouvre un boulevard à Florian Zeller, cinéaste évident dès ce galop d’essai.

 

Soyons honnêtes : c’est à reculons qu’on allait voir THE FATHER. La faute au sujet – la maladie d’Alzheimer – qui invite au cabotinage, mais aussi à l’image publique de Florian Zeller, auteur à succès érigé en Éric-Emmanuel Schmitt pour intellos de Saint-Germain-des-Prés. La surprise n’en aura été que plus grande. THE FATHER est bien une histoire de performances. D’abord celle d’Anthony Hopkins en octogénaire perdant ses repères. Il ne se soumet pas au pathos de la situation, va au combat contre cet ennemi, aussi sournois qu’invisible, qu’est la démence sénile. À ce huis clos intime mais épique entre un condamné et son cerveau de plus en plus assailli par la maladie, s’ajoute celui voulu par la mise en scène de Zeller, qui transforme un appartement en terrain meuble et en piège sensoriel. Le dramaturge, qui adapte sa propre pièce à succès, se révèle un ahurissant cinéaste : tout est artifice – modifications infimes du décor, chronologie détraquée ou in- versions de comédiens – mais rien ne donne une impression de carton-pâte. Le vertige paranoïaque n’étant lui-même qu’un époustouflant faux-semblant, ce dédale ne sert que de processus pour mener à un état de lâcher-prise en forme de lever de rideau : le plus beau tour de passe-passe de THE FATHER est de glisser sans qu’on s’en aperçoive d’un thriller en trompe-l’œil à l’émouvant récit d’un homme qui espère jusqu’au bout tromper la mort qui s’annonce. 

De Florian Zeller. Avec Anthony Hopkins, Olivia Colman, Imogen Poots. France / Angleterre. 1h37. En salles le 26 mai

4Etoiles

 

 

 

 

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